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de demander le rappel de l’union. Sous les ordres d’O’Connel, ils marchent derrière les troupes ministérielles, et les soutiennent de façon à empêcher de reculer, quoi qu’il arrive.

Dans le camp de l’opposition, la fusion est pareille. Sir Robert Peel a mis à tous les tories le même uniforme de conservateurs. Il n’est pas jusqu’au petit bataillon irrésolu de lord Stanley qui n’ait pris récemment avec son chef la nouvelle livrée des défenseurs de l’église et du trône. Le tiers-parti n’a pas mieux réussi de ce côté de la Manche que du vôtre.

Donc la question est simple et nettement posée. C’est la grande querelle à vider entre la vieille société et la société nouvelle, la même qui a commencé chez vous en 89 ; seulement, si le trône est sage, toute la guerre pourra s’achever ici sur le terrain parlementaire.

Le champ de bataille actuel au moins est devant vous. Vous avez l’armée des réformistes et celle des conservateurs en présence, ne reconnaissant chacune qu’un mot d’ordre, qu’une bannière ; la première, plus forte, plus hardie, mais ayant un état-major trop nombreux peut-être, et une arrière-garde plus pressée d’arriver que le corps principal ; la seconde, plus compacte, plus disciplinée, plus obéissante à son unique général.

Toutefois, si grand que soit des deux côtés l’acharnement, vous ne verrez guère dans leurs hostilités les parties belligérantes se départir de leurs habitudes de loyauté chevaleresque.

Il y a une sorte de droit des gens parlementaire à l’usage de la chambre.

L’opposition ne profitera jamais de l’absence d’un ministre pour interpeller ses collègues touchant des questions en dehors de leurs départemens.

Un ministre n’introduira jamais non plus un bill à l’improviste ; la courtoisie est grande sous ce rapport de part et d’autre. Les cartels sont échangés en règle : ce sera tel jour, à telle heure. Si quelqu’un déclare être empêché de venir au moment indiqué, on précipite ou l’on diffère la motion selon sa convenance.

S’agit-il d’un vote important où l’on prévoit une majorité douteuse, quelque urgente affaire qui l’appelle, nul ne désertera son poste à moins d’avoir trouvé parmi ses adversaires un membre également désireux de s’absenter. On convient alors de s’abstenir ensemble, et ce double engagement est sacré.

En vient-on aux mains, la mêlée est épaisse souvent, mais on ne s’y porte que des coups généreux et par devant.

Pourtant le bruit des interruptions approbatives ou mécontentes