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TALLEMANT DES RÉAUX.


Ce sonnet, adressé à Conrart sous la forme d’une lettre avec signature et suscription, doit être de l’époque de la jeunesse de des Réaux. « Conrart, dit-il, a toujours affecté d’avoir des jeunes gens sous sa férule ; moi qui ne suis pas trop endurant, il me prit en amitié, et je l’aimai aussi tendrement. » Le sonnet est du temps de cette bonne amitié ; mais Tallemant changea bien de sentimens pour Conrart qu’il représente dans ses historiettes comme un homme tyrannique et querelleur. « C’est un franc pédagogue, ajoute-t-il, et qui fait une lippe, quand il gronde, la plus terrible qu’on sauroit voir. »


Nous ignorons si Conrart satisfit aux désirs que Tallemant lui exprimait, mais au moins tout le Parnasse ne demeura pas sourd à ses vœux, et Maynard y répondit par un sonnet assez remarquable qui doit trouver ici sa place.


Ô malice du sort ! ô crime de la Parque !
Aimable Tallemant, ta sœur nous a quittés,
Et le pâle nocher a porté dans sa barque
L’ornement des vertus et la fleur des beautés.

Ajoutons cette perte aux misères publiques ;
Marie embellissait le séjour des mortels ;
Tous les yeux l’admiraient, et les temps héroïques
Auraient à son image élevé des autels.

Le funeste ruisseau qui baigne ton visage
Naist d’un si juste ennuy, que l’esprit le plus sage
N’ose te conseiller d’en arrester le cours.

La morte que tu plains fut exempte de blasme,
Et le triste accident qui termina ses jours
Est le seul déplaisir qu’elle a mis dans ton ame.


Ce sonnet est adressé au maître des requêtes, frère de Mme d’Harambure, et l’exactitude historique nous empêche de dissimuler que l’on voit dans les œuvres de Maynard que ce poète

    bibliothèque de l’Arsenal. Belles-Lettres françaises, in-4o, no 151, tom. ier, pag. 891.