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REVUE DES DEUX MONDES.

J’aime son cœur et constant et fidèle,
Qui des vieux temps la bonté renouvelle,
Chose si rare en l’empire d’Amour ;
Et de ses mœurs l’adorable innocence,
Chose si rare aux beautés de la cour ;
Mais honni soit celui qui mal y pense.

Elle, qui sait de mon amour le prix,
Qui voit ma flamme et si pure et si belle,
Qui voit mon cœur si sainctement épris,
Qui reconnoît la grandeur de mon zèle,
M’honore aussi d’une amour mutuelle ;
Et maintenant qu’une absence cruelle
Ronge mon cœur comme un cruel vautour,
Sa belle main, consolant ma souffrance,
Par ses escrits me promet son retour ;
Mais honni soit celui qui mal y pense.

envoi.

Jeunes blondins qui soupirez pour elle,
Et qui souffrez ses rigoureux mépris,
Si vous vouliez estre aimez de la belle,
Il faudroit estre amans à cheveux gris
Et ne l’aimer que d’amour fraternelle.
Mais de vous tous on diroit par la France,
Comme de moy l’on dit par tous pays :
Que honni soit celui qui mal y pense.

Jeunes blondins qui soupirez pour elle,
N’en attendez que rigoureux mespris ;
Pour espérer d’estre aimez de la belle
Il faudroit estre amans à cheveux gris.


Une épître en vers, adressée par Tallemant des Réaux au père Rapin, jésuite, a été mise à notre disposition.[1]

  1. Nous devons la communication de cette épître à M. Parison, savant bibliographe, ami du père Adry et de l’abbé de Saint-Léger, qui a réuni à une excellente bibliothèque de classiques et d’anciens livres des autographes fort curieux. Cette pièce est toute de la main de Tallemant des Réaux.