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rejetées au bas des pages, où ils sont signés T, lettre initiale de Tallemant des Réaux.

Les notes des éditeurs ne portent aucune signature.

Nous avons rencontré, en 1825, chez le libraire Bluet, deux portefeuilles remplis de pièces manuscrites du temps de Louis xiv ; la plupart de ces pièces sont écrites de la main de Tallemant des Réaux. Les couplets des Frondeurs y sont mêlés à ceux des Mazarins : les portraits, tels qu’on les faisait dans la société de Mlle de Montpensier, y sont confondus avec des vers de La Fontaine, du duc de Nevers, de Mme Deshoulières, de Montplaisir, de Benserade, de Mlle Scudéry, et d’une foule d’autres.

Un fragment assez considérable des Historiettes ou Mémoires de Tallemant des Réaux fait partie d’un de ces portefeuilles. C’est le chapitre sur mademoiselle des Jardins, l’Abbé d’Aubignac et Pierre Corneille. Ce morceau, entièrement écrit de la main de des Réaux, porte la date de 1660. Il forme dans notre édition le dernier chapitre de ses Mémoires[1].

Ces portefeuilles contiennent d’autres opuscules plus ou moins importans. Il s’y est rencontré le manuscrit d’un ballet inédit, ouvrage de la jeunesse de La Fontaine, intitulé : les Rieurs du beau Richart[2]. L’éditeur s’est empressé d’offrir cette petite pièce à M. le baron Walkenaer, son honorable confrère à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui l’a insérée dans sa belle édition des œuvres du fabuliste[3], en l’accompagnant de recherches aussi curieuses qu’exactes.

Ces portefeuilles contiennent encore la copie de la main de Tallemant des Réaux du Voyage de Chapelle et Bachaumont ; ce n’est qu’une première pensée, beaucoup moins développée que les éditions imprimées ; mais les notes que des Réaux y a ajoutées sur les personnes dont il est question dans l’opuscule des deux amis, donnent de la curiosité à cette copie incomplète.

Les deux portefeuilles, ainsi que le manuscrit des Historiettes, proviennent de la bibliothèque de la famille Trudaine, dans laquelle Renée-Madeleine de Rambouillet, petite-nièce de Mme Tallemant des Réaux, paraît avoir apporté la succession de sa grande tante, et peut-être même celle de Gédéon Tallemant des Réaux, son grand-oncle.

  1. Tom. vi, pag. 210.
  2. Le beau Richart est un carrefour de Château-Thierry, où se réunissaient les habitans pour s’entretenir de nouvelles.
  3. Œuvres de La Fontaine. Paris, Lefevre, 1827, in-8o, Tom. iv, pag. 127.