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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/267

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LE CHANDELIER.

JACQUELINE.

Je tombe de fatigue, et vous m’avez éveillée bien mal à propos.

MAÎTRE ANDRÉ.

Recouche-toi, ma chère petite ; je m’en vais, je te laisse ici. Allons, adieu, n’y pensons plus. Tu le vois, mon enfant, je ne fais pas la moindre recherche dans ton appartement ; je n’ai pas ouvert une armoire ; je t’en crois sur parole ; il me semble que je t’en aime cent fois plus, de t’avoir soupçonnée à tort et de te savoir innocente. Tantôt je réparerai tout cela ; nous irons en campagne, et je te ferai un cadeau. Adieu, adieu, je te reverrai.

(Il sort.)
(Jacqueline seule ouvre une armoire ; on y aperçoit, accroupi, le capitaine Clavaroche.)
CLAVAROCHE, sortant de l’armoire.

Ouf !

JACQUELINE.

Vite, sortez ! mon mari est jaloux ; on vous a vu, mais non reconnu ; vous ne pouvez revenir ici. Comment étiez-vous là-dedans ?

CLAVAROCHE.

À merveille.

JACQUELINE.

Nous n’avons pas de temps à perdre ; qu’allons-nous faire ? Il faut nous voir, et échapper à tous les yeux. Quel parti prendre ? Le jardinier y sera ce soir ; je ne suis pas sûre de ma femme de chambre ; d’aller ailleurs, impossible ici ; tout est à jour dans une petite ville. Vous êtes couvert de poussière, et il me semble que vous boitez.

CLAVAROCHE.

J’ai le genou et la tête brisés ; la poignée de mon sabre m’est entrée dans les côtes. Pouah ! c’est à croire que je sors d’un moulin.

JACQUELINE.

Brûlez mes lettres en rentrant chez vous. Si on les trouvait, je serais perdue ; ma mère me mettrait au couvent. Landry, un clerc, vous a vu passer, il me le paiera. Que faire ? quel moyen ? répondez ! Vous êtes pâle comme la mort.

CLAVAROCHE.

J’avais une position fausse, quand vous avez poussé le battant, en sorte que je me suis trouvé, une heure durant, comme une curiosité d’histoire naturelle dans un bocal d’esprit-de-vin.