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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/269

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LE CHANDELIER.

JACQUELINE.

Tout ce que vous voudrez. Les mains me tremblent, et j’ai une peur qui est pire que le mal.

CLAVAROCHE.

Patience ! nous arrangerons cela.

JACQUELINE.

Comment ? parlez, voilà le jour.

CLAVAROCHE.

Eh ! bon Dieu, quelle tête folle ! Vous êtes jolie comme un ange avec vos grands airs effarés. Voyons un peu, mettez-vous là, et raisonnons de nos affaires. Me voilà presque présentable, et ce désordre réparé. La cruelle armoire que vous avez là ! il ne fait pas bon être de vos nippes.

JACQUELINE.

Ne riez donc pas, vous me faites frémir.

CLAVAROCHE.

Eh bien ! ma chère, écoutez-moi, je vais vous dire mes principes. Quand on rencontre sur sa route l’espèce de bête malfaisante qui s’appelle un mari jaloux…

JACQUELINE.

Ah ! Clavaroche, par égard pour moi !

CLAVAROCHE.

Je vous ai choquée ? (Il l’embrasse.)

JACQUELINE.

Au moins, parlez plus bas.

CLAVAROCHE.

Il y a trois moyens certains d’éviter tout inconvénient. Le premier, c’est de se quitter. Mais celui-là nous n’en voulons guère.

JACQUELINE.

Vous me ferez mourir de peur.

CLAVAROCHE.

Le second, le meilleur incontestablement, c’est de n’y pas prendre garde, et au besoin…

JACQUELINE.

Eh bien ?

CLAVAROCHE.

Non, celui-là ne vaut rien non plus ; vous avez un mari de plume ; il faut garder l’épée au fourreau. Reste donc alors le troisième ; c’est de trouver un chandelier.