pées pour courir après quoi, de grâce ? après l’ombre de leur orgueil ! Mais la garnison dure six mois ; on ne peut pas toujours aller au café ; les comédiens de province ennuient ; on se regarde dans un miroir, et on ne veut pas être beau pour rien. Jacqueline a la taille fine ; c’est ainsi qu’on prend patience, et qu’on s’accommode de tout sans trop faire le difficile.
Eh bien ! ma chère, qu’avez-vous fait ? Avez-vous suivi mes conseils, et sommes-nous hors de danger ?
Oui.
Comment vous y êtes-vous prise ? vous allez me conter cela. Est-ce un des clercs de maître André qui s’est chargé de notre salut ?
Oui.
Vous êtes une femme incomparable, et on n’a pas plus d’esprit que vous. Vous avez fait venir, n’est-ce pas, le bon jeune homme à votre boudoir ? Je le vois d’ici, les mains jointes, tournant son chapeau dans ses doigts. Mais quel conte lui avez-vous fait pour réussir en si peu de temps ?
Le premier venu ; je n’en sais rien.
Voyez un peu ce que c’est que de nous, et quels pauvres diables nous sommes quand il vous plaît de nous endiabler ! Et notre mari, comment voit-il la chose ? La foudre qui nous menaçait sent-elle déjà l’aiguille aimantée ? commence-t-elle à se détourner ?
Oui.
Parbleu ! nous nous divertirons, et je me fais une vraie fête d’examiner cette comédie, d’en observer les ressorts et les gestes, et d’y jouer moi-même mon rôle. Et l’humble esclave, je vous prie, depuis que je vous ai quittée, est-il déjà amoureux de vous ? Je parierais que je l’ai rencontré comme je montais. Un visage affairé et une encolure à cela. Est-il déjà installé dans sa charge ? s’acquitte-t-il des soins indispensables avec quelque facilité ? porte-t-il déjà vos couleurs ? met-il