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REVUE. — CHRONIQUE.

sions des actes les plus importans, de la haine contre les hommes, des petites vanités étroites, qui ne se laissent pas subjuguer par des petites influences bourgeoises et de famille : leur vie est grave et digne ; ils ne craignent pas de l’ouvrir à tous ; leurs actes parlent haut ; ils sont bons ou mauvais, mais on n’y peut chercher des causes misérables et futiles. L’un d’eux, placé, en tout temps, dans une brillante situation, s’est toujours montré à la hauteur de sa fortune ; l’autre, simple écrivain, monté à l’aide de son mérite, de son éloquence, de sa capacité et de son érudition, a élevé son caractère au niveau de son rang. Les basses et étroites jalousies n’ont pas gêné ses mouvemens ; un dédain maladroit n’a pas éloigné de sa personne ceux qui marchaient autrefois avec lui ; il n’a fait que changer de place et non d’amis ; et il a fait briller surtout cet esprit de conduite qu’il recommandait dans le discours que nous avons cité. Il faut l’avouer, on peut combattre de tels caractères, mais non les déprécier ; on peut déplorer que de tels hommes n’aient pas une marche plus conforme aux vœux et aux besoins du pays, mais on ne peut leur refuser son estime.

Après cela, qu’importe la pensée de quelques autres, habiles et capables, il est vrai, mais qui se sont rendus impuissans par un assemblage de défauts contraires à toutes ces qualités ? Pourquoi faire tant de bruit de quelques actes de leur vie privée ? Ils veulent à tout prix qu’on la respecte et qu’on se taise : c’est notre avis aussi. Silence sur eux ! c’est le silence qu’ils méritent.


— Un jeune homme, qui débute dans la littérature, M. L. de La Brière, vient de publier un roman sous le titre des Deux Étoiles. Son livre est attachant et rempli d’observations heureuses. C’est une peinture douce et spirituelle d’une société paisible, comme en faisait autrefois Mme de Souza, genre agréable, abandonné aujourd’hui, et que M. de La Brière renouvelle avec bonheur. Nous lui devons toutefois un conseil, et nous le lui donnerons. Qu’il évite le tableau des choses triviales et le reflet des idées basses et vulgaires, qu’il se plaît à introduire quelquefois dans son livre. Son talent y gagnera.

— Le Théâtre-Français montre une activité sans égale. Cette semaine, a eu lieu la reprise de George Dandin, cette joyeuse et philosophique comédie de Molière. Sifflée à deux représentations, elle a été applaudie avec enthousiasme à la troisième, grâce à un article du Journal des Débats, où l’ironie s’attaquait vivement aux irrévérencieux adversaires de Molière. On annonce aussi la reprise de la Critique de l’École des