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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/480

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REVUE DES DEUX MONDES.

LA VENGEANCE.

Patience, Andrea ! Avant que nous ne sortions d’ici, je changerai leur amitié en discorde sanglante, leur amour en haine mortelle, leur jour en nuit, leur attente en désespoir, leur paix en guerre, leurs joies en douleur, leur bonheur en misère.


ACTE DEUXIÈME.


Don Balthazar se désole de n’être pas aimé de Bel-Imperia : don Lorenzo l’encourage, et voyant que ses efforts sont vains, il veut éclaircir ses doutes, et appelant Pedringano, un serviteur de confiance de sa sœur : « Tu sais, dit-il, qu’il n’y a pas long-temps j’ai détourné de toi la colère de mon père, qui voulait te punir d’avoir protégé l’amour de don Andrea : eh bien ! à ce service j’en veux ajouter mille, te combler de biens et d’honneurs. Dis-moi qui ma sœur aime. » Pedringano s’excuse ; depuis la mort de don Andrea, il n’a plus le même crédit auprès de Bel-Imperia. Lorenzo, voyant que les promesses ne suffisent point, lui arrache son secret par la menace, et apprend que Bel-Imperia aime don Horatio. Profitant de cette découverte, et conduits par Pedringano, Balthazar et Lorenzo surprennent Bel-Imperia donnant à son amant un rendez-vous pour le soir, dans les vers suivans, que je cite comme une preuve de ce que j’ai dit plus haut sur la tendance infiniment plus poétique de la tragédie anglaise dès son origine.


Our hour shall be, when vesper’ gins to rise,
That summons home distressful travellers :
There none shall hear us but the harmless birds ;
Happily the gentle nightingale
Shall carol us asleep ere we be ware
And singing with the prickle at her breast
Tell our delight and mirthful dalliance :
Till then, each hour will seem a year and more.


Cependant le roi, voulant profiter de l’amour de don Balthazar pour rétablir la paix entre les deux pays, charge l’ambassadeur d’annoncer à son maître qu’il donnera en dot à sa nièce le