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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 4.djvu/589

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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

en quatre livres, et un poème historique en cinq livres, de Guillaume de la Pouille. Ces relations, qui ont été écrites après les premiers temps de la conquête, sont d’ailleurs fort sèches, et laissent beaucoup à désirer. Mais on savait, par la Chronique du Mont-Cassin, qu’un moine, nommé Amatus, Amat ou Aimé, contemporain de l’établissement des Normands en Italie, avait écrit une histoire de ce grand évènement.

Les savans avaient souvent déploré la perte de cet ouvrage. Baluze, Mabillon, les bénédictins auteurs de l’Histoire littéraire de la France, ont fait des suppositions assez diverses sur cet Amat ; mais tous se sont accordés à regarder comme perdue à jamais sa précieuse Histoire des Normands.

Hé bien, c’est cette Histoire dont on vient de retrouver non pas le texte original latin, mais une traduction française dans un manuscrit de la Bibliothèque royale ; et c’est cette traduction que M. Champollion-Figeac a été chargé de publier au nom de la Société de l’histoire de France.

M. Champollion a fait précéder cette publication d’une préface très érudite, dont on nous permettra d’indiquer ici la substance.

Le précieux manuscrit de la Bibliothèque royale dont il est question contient, outre l’Ystoire de li Normant, trois autres ouvrages ; car c’était assez l’usage, au moyen-âge, de coudre les uns à la suite des autres plusieurs écrits historiques, de manière à composer une histoire suivie. Ce manuscrit s’ouvre donc par la Chronique d’Isidore, qui s’étend depuis la création du monde jusqu’à l’empereur Héraclius. À cette chronique succède le Sommaire de l’Histoire romaine par Eutrope, d’après la rédaction et avec les additions de Paul Diacre, commençant au règne de Janus et finissant au milieu de celui de Justinien. Vient ensuite l’Histoire des Lombards, par le même Paul. Enfin le recueil est terminé par l’Histoire des Normands d’Italie et de Sicile.

M. Champollion a profité de l’occasion pour résoudre un problème intéressant d’histoire littéraire. On possédait plusieurs rédactions très différentes du Breviarium d’Eutrope, remanié et alongé par Paul Diacre. Une de ces rédactions, entre autres, augmentée encore des additions qu’y firent plusieurs écrivains postérieurs, forme la compilation connue sous le nom d’Historia Miscella, compilation qui n’est pas sans importance. Mais on ne savait comment s’expliquer ces diverses rédactions d’un même ouvrage, et on avait peine à se reconnaître dans ce dédale de textes si dissemblables entre eux. Le manuscrit français de la Bibliothèque royale a fourni à M. Champollion des indications précises qui permettent de classer les divers textes, soit manuscrits.