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DIPLOMATES EUROPÉENS.

les possessions autrichiennes en Italie. C’était pour elle un véritable pays de conquête ; elle devait naturellement établir dans le royaume lombardo-vénitien une surveillance armée, une constitution de police, capable de préserver les provinces réunies à l’empire autrichien. Toute l’habileté de M. de Metternich consista à adoucir successivement cette police, à mesure que le vainqueur fut plus complètement accepté. La conquête dut se maintenir, comme celles de Napoléon, par l’occupation militaire la moins pesante possible. Les Italiens, peuple chaud et enthousiaste, avaient chassé les Français dans les jours de malheur ; les Autrichiens devaient éviter une pareille catastrophe, et se tenir sur leur garde.

Cette double répression, base du système de M. de Metternich en Allemagne et en Italie, entraîna un mouvement de réaction, car la liberté, cette grande puissance de l’ame, ne se laisse point ainsi opprimer sans tenter quelque coup de désespoir. Les mystérieuses sociétés ne s’étaient point dissoutes en Allemagne ; elles s’organisaient dans les universités, parmi les étudians ; l’influence de la poésie, des écrits politiques, tout favorisait ce généreux mouvement des esprits qui appelait au secours de l’unité allemande les efforts et le courage de tout ce qui portait un cœur patriote. Cette unité allemande, si vivement saluée par la jeune génération, n’était, à vrai dire, qu’une sorte de république fédérative, où tous les états libres eux-mêmes entreraient par la pratique de la vertu, et tendraient au bonheur du genre humain. Les vieilles souverainetés allemandes durent réprimer ces associations, qui éclatèrent par l’assassinat de Kotzebuë.

M. de Metternich venait de parcourir l’Italie, lorsque les écoles se dessinèrent par ce sanglant attentat. Il était comblé des faveurs de son souverain, il portait le titre de prince, de riches dotations avaient triplé sa fortune, des décorations de presque tous les ordres brillaient sur sa poitrine. L’état de fermentation de l’Allemagne n’avait point échappé à sa pénétration, et c’est à son instigation que s’ouvrit ce congrès de Carlsbad, où furent prises des mesures soupçonneuses et violentes contre l’organisation des écoles en Allemagne. Le régime des universités, la répression des écrits, la police politique, rien ne fut négligé ; c’était une bataille régulière des gouvernemens contre le mouvement qui agitait les têtes ardentes.

Notons bien ce quantième de 1820. Au midi la révolution d’Espagne et les cortès, la proclamation d’un régime plus libéral que celui de l’Angleterre même ; à Naples, et par un retentissement presque magique, la constitution également proclamée. De Naples le cri de liberté se fait