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DU SYSTÈME ÉLECTORAL ANGLAIS.

était avant l’acte de réforme ; la seconde a rapport aux principales dispositions de cet acte, aux diverses classes d’électeurs qu’il a conservées ou créées. Dans la troisième, l’auteur traite des influences illicites dans les élections ; dans la quatrième, des dépenses des candidats et des restrictions que les usages apportent aux conditions d’éligibilité, dans une cinquième enfin, il compare le système électoral anglais au système français.

Ces cinq parties forment, avec les notes, les pièces justificatives, et le tableau des élections de Southwark et de Preston, un volume de moins de quatre cents pages. Pour tout comprendre dans un espace aussi resserré, l’auteur a dû s’interdire tout développement qui n’était pas rigoureusement nécessaire ; mais les points sur lesquels il s’arrête, les faits qu’il rapporte, les fragmens qu’il cite étant en général bien choisis, on trouve réellement dans son livre tout ce dont on a besoin pour comprendre en quoi consiste cette réforme, objet de tant d’espérance pour les uns, de tant de terreur réelle ou supposée pour les autres.

Bien des gens, je l’imagine, après avoir lu l’ouvrage d’un bout à l’autre, trouveront que ces changemens ne répondent guère à l’idée qu’ils s’en étaient formée, et que l’importance des résultats n’est pas en proportion avec la peine qu’on s’est donnée pour les obtenir. Ils verront que les nouvelles classes d’électeurs créées par la loi sont en général bien loin de jouir, dans leur vote, d’une complète indépendance ; que les influences illicites, par voie de corruption ou d’intimidation, s’exercent encore avec la plus grande publicité, quoique à un moindre degré qu’autrefois, et que le parti réformateur lui-même, en repoussant l’idée du vote par bulletin secret, semble avoir voulu la continuation de ces abus, dont au besoin il ne se fait pas scrupule de profiter. Ils seront forcés de reconnaître que le système électoral anglais donne de fait, à l’aristocratie et à la richesse, une beaucoup plus large part dans la composition de la chambre des communes, que ne l’a fait la plus aristocratique des lois électorales qui se sont succédé en France depuis 1814. Mais d’autre part, quand ils verront comment fonctionne cette machine, en apparence si mal organisée, ils concevront que c’est bien moins aux dispositions particulières de l’institution qu’à l’influence des mœurs nationales qu’il faut attribuer la bonté des résultats, et ils ne seront plus portés à supposer que, si la composition de la chambre des communes a été, même avant l’acte de réforme, plus populaire que ne l’était alors chez nous celle de la chambre des députés, cela tient uniquement à ce qu’une plus large portion du peuple concourait à sa nomination.

Il faudra plusieurs années avant qu’on puisse bien apprécier l’étendue des effets dus à l’acte de réforme et en séparer ceux qui ne dépendent que d’un changement progressif dans l’opinion ; jusqu’à présent, cet