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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 5.djvu/407

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SIMON.

mentaient ; vous prêchez un converti ! En quoi ai-je pu blesser M. Féline, et lui faire croire que je ne rendais pas justice à son mérite ? M’a-t-on prêté quelque propos inconvenant ? ai-je manqué d’égards directement ou indirectement à sa famille ? ma fille aurait-elle oublié, en arrivant, d’aller s’informer de la santé de Mme Féline ? Elles étaient fort liées ensemble autrefois, et je voyais avec plaisir des relations aussi édifiantes. Ne les ai-je pas encouragées, loin de les contrarier ?…

— Et pour quelle raison les eussiez-vous contrariées ? C’eût été une folie, une lâcheté indigne d’un homme aussi éclairé et aussi délicat que vous l’êtes, monsieur le comte.

— Vous savez donc bien à quel point je dédaigne l’importance que mes pareils mettent à ces vaines distinctions ? Comment M. Féline a-t-il pu s’imaginer que j’étais arrêté, dans mon désir de lui demander l’appui de son talent, par d’aussi sottes considérations ?

M. Féline ne s’imagine rien du tout, monsieur le comte ; c’est moi qui me suis imaginé une chose que je vais vous dire franchement, et qui n’est pas dépourvue de raison. Écoutez-moi bien. De père en fils les Parquet ont placé les Fougères en tête de leur clientelle ; c’est bien. Vous avez eu une affaire, vous en avez eu deux, vous en avez eu trois ; maître Simon Parquet a remué les dossiers de M. le comte Foulon de Fougères ; il a plaidé ses causes au barreau, et, soit la bonté des causes, soit le zèle de l’avocat, soit l’aptitude de l’avoué, M. de Fougères a gagné trois procès…

— Je n’attribue mes victoires qu’à votre talent et à votre zèle, mon cher monsieur Parquet.

— Laissez-moi dire. J’arrive à la péripétie, au quatrième acte (M. Parquet avait toujours le rôle d’Alberto Casaboni dans la tête), je veux dire au quatrième procès. M. de Fougères épouse une dame de bonne maison et passablement riche, qui lui donne deux héritiers d’un coup et qui lui en fait espérer d’autres. C’est le cas, sinon d’augmenter sa fortune, du moins de ne pas la laisser péricliter. Or, il se trouve qu’une difficulté inattendue se présente, et que Mlle de Fougères, selon toute apparence, va perdre cinq cent mille francs, peut-être plus, légués à ladite dame par testament d’un sien oncle, dicat testator et erit lex. Mais ledit testament ne