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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 5.djvu/48

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REVUE DES DEUX MONDES.

En admettant les formes principales du vers à son origine, il a paru nécessaire d’employer le petit mètre dans les commencemens du poème. Ce mètre a semblé mieux proportionné dans ses formes avec le caractère du sujet à son début. Je ne crois pas qu’il fût possible d’employer long-temps, en cet endroit, l’alexandrin, sans rencontrer l’enflure et la déclamation. Le vers de huit pieds, à la fois lyrique et épique, a été préféré pour exprimer l’époque antérieure, en quelque sorte, à l’histoire, et qui appartient plutôt à la famille qu’à la cité. En adoptant plus tard l’hexamètre, il a paru que l’on ne faisait ainsi que suivre et réfléchir, dans les inflexions du mètre, les développemens graduels du sujet.

Les détails de la versification une fois fixés, l’auteur a cherché à rendre au chant héroïque sa destination véritable, qui est d’être ou de pouvoir être chanté. Le sujet se décomposait de lui-même en une suite de thèmes principaux, qu’un lien indissoluble rattachait les uns aux autres. Chacun de ces momens pouvait être exprimé dans une pièce qui emportât avec soi sa mélodie notée et mesurée, comme tout vrai récitatif. L’idée du chant étant prise comme base, entraînait avec elle l’idée de chœurs ; et par là s’offrait la possibilité de ramener l’épopée à son origine, et de la retremper par momens à sa source, dans l’ode et le poème lyrique.

Cette dernière question en amenait une foule d’autres, sur lesquelles il est nécessaire de dire ici quelques mots, bien que les développemens indispensables en de telles matières doivent être renvoyés à un ouvrage plus étendu, d’où sont extraites les lignes suivantes.

Les critiques ont long-temps fait consister la différence de l’épopée et du drame dans la différence du récit et du dialogue. Néanmoins, il est constant que ces genres de poésie échangent souvent leurs formes. La narration est aussi fréquente dans le drame que le dialogue l’est dans l’épopée. Il est donc nécessaire de chercher dans une origine plus profonde les causes véritables de leurs différences.

Toute poésie, prise en soi, est lyrique, et l’ode est le poème primitif d’où sortent tous les autres. La poésie, recueillie immédiatement à sa source, c’est-à-dire dans la religion, dans le culte, dans l’idée de Dieu, n’est ni dramatique, ni épique ; elle est lyrique. Il est un moment, à l’origine des peuples, où tout poème est