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GUELFES ET GIBELINS.

Brillante de souplesse et de légèreté
Parut ; et, sans vouloir s’éloigner davantage,
Commença de fermer tellement mon passage
Que je me retournai près de fuir…
Que je me retournai près de fuir… Le soleil
Commençait de paraître à l’horizon vermeil
Et montait escorté de ces mêmes étoiles
Qui déjà le suivaient, quand déchirant les voiles
Où les choses dormaient en attendant le jour,
L’univers fut créé par le divin amour.
Cette douce saison, cette heure matinale,
Ces parfums secoués par l’aube orientale,
Et jusqu’à cette peau, dont le dessin joyeux
De son éclat fantasque éblouissait mes yeux,
Tout rendait quelque espoir à mon ame plus ferme :
Mais comme si ma peur devait être sans terme,
Alors il me parut, nouvelle vision,
Qu’à l’encontre de moi descendait un lion
Avec la tête haute et la gueule affamée,
Si prompt que l’air tremblait à sa course animée.
Puis voilà qu’une louve accourut à son tour,
Ardente de maigreur, de désirs et d’amour !…
Sa faim avait de deuil vêtu plus d’une veuve ;
Je ne pus supporter cette nouvelle épreuve,
Et, troublé par la peur qui sortait de ses yeux,
Je perdis tout espoir d’atteindre les hauts lieux.
Et comme celui-là qui volontiers amasse,
Et qui voit, en un jour, son bien se perdre en masse,
Triste, sent ses pensers tout gonflés de sanglots ;
Ainsi faisait pour moi la bête sans repos,
Qui, petit à petit, venant à ma rencontre,

    luxure ; le lion, ce roi des animaux, représenterait l’ambition, cette reine des passions ; et la louve à l’appétit dévorant, que rien ne repaît, l’envie qui ne se lasse jamais de persécutions, et chez laquelle la vengeance satisfaite appelle incessamment d’autres vengeances. Par la panthère et le lion, le poète fait allusion à ses propres vices, et par la louve, à ceux de ses ennemis qui l’exilèrent par envie et le persécutèrent par haine politique.