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JOCELYN.

comparaison. S’il monte au sommet d’un mont, et qu’il veuille en s’asseyant bénir Dieu au bout du pélerinage, il fera, par exemple, le sonnet suivant auquel il donnera pour titre :


REPOSEZ-VOUS ET REMERCIEZ
AU SOMMET DE GLENCROE.

Ayant monté long-temps d’un pas lourd et pesant
Les rampes, au sommet désiré du voyage,
Près du chemin gravi, bordé de fin herbage,
Oh ! qui n’aime à tomber d’un cœur reconnaissant ?

Qui ne s’y coucherait, délassé, se berçant
Aux propos entre amis, ou seul, au cri sauvage
Du faucon, près de là perdu dans le nuage,
— Nuage du matin, et qui bientôt descend ?

Mais, le corps étendu, n’oublions pas que l’ame,
De même que l’oiseau monte sans agiter
Son aile, ou qu’au torrent, sans fatiguer sa rame,

Le poisson sait tout droit en flèche remonter,
— L’ame (la foi l’aidant et les graces propices),
Peut monter son air pur, ses torrens, ses délices !


Lamartine, très probablement, ayant fait le même pélerinage, eût entonné son hymne d’actions de grace, au sommet, sans s’arrêter à cette comparaison, fort belle d’ailleurs, mais cherchée, de l’oiseau et du poisson, avec le corps étendu immobile, tandis que l’ame monte. S’il arrivait devant la hutte d’un Highlander, avec une femme, une dame, pour compagne de voyage, qui marquerait quelque répugnance à entrer dans cette hutte enfumée, il la lui décrirait avec détail, avec grace, comme il fait pour Valneige, et se complairait bientôt magnifiquement à la bénédiction de Dieu sur les cœurs simples qui y sont cachés, mais sans trop s’arrêter et sans plus revenir à l’hésitation de sa compagne. Or, Wordsworth nous parle ainsi de la Cabane du Highlander :


Elle est bâtie en terre, et la sauvage fleur
Orne un faîte croulant ; toiture mal fermée,