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REVUE. — CHRONIQUE.

des services, et M. Feuillet, chef du protocole, homme d’esprit et de goût, qui a eu le bonheur de rapporter le traité d’alliance entre l’Angleterre et la France ; à la division politique M. Alletz, qui s’occupe plus de philosophie que de politique, et aux archives M. Mignet, homme du premier ordre, comme on sait, et qui se livre à d’importans travaux, où il est bien secondé par le bibliothécaire du ministère, homme très modeste, très instruit et très distingué.

Plusieurs secrétaires d’ambassade ont été forcés de quitter la diplomatie et d’entrer dans les consulats, à cause de la tendance aristocratique des choix, depuis cinq ans. Ce sont, entre autres, MM. Lachallaye, Tellier et Schwebel. Le second a été envoyé à Londres par M. de Talleyrand, pour faire place à M. Adolphe de Bacourt. D’autres ont été mis à la retraite par la révolution de juillet ; ce sont : MM. Durand de Mareuil, ambassadeur à Naples ; Roth, ministre à Hambourg, Artaud, premier secrétaire à Rome et membre de l’académie des inscriptions, et Château, premier secrétaire à Turin ; tous plébéiens.

Nous reviendrons sur le ministère des affaires étrangères.



REVUE LITTÉRAIRE.

SOUVENIRS.
DE MADAME LA COMTESSE MERLIN[1].

Les Souvenirs, quand ils sont écrits par des personnes du monde, sans prétention littéraire, ont toujours de l’agrément. Les lecteurs tout-à-fait contemporains de l’écrivain de Souvenirs aiment à refeuilleter avec lui au hasard quelques années de leur vie ; ceux qui sont venus plus tard, s’ils ont l’esprit curieux, ouvert, un peu oisif, pas trop échauffé à sa propre destinée, apprennent beaucoup de détails à ces causeries familières et devinent toute une société légèrement antérieure, au sein de laquelle ils s’imaginent volontiers avoir vécu. Il y a quelque temps que, parcourant un de ces livres aimables et légers, les Souvenirs de madame Lebrun, je me plaisais à y retrouver tout ce monde facile, brillant, poliment mélangé d’avant la révolution, gens de cour, gens d’esprit, Russes-Français, dont Delille était le poète favori, et madame Lebrun le peintre ordinaire. Cette nature vive, fraîche et sensible de l’auteur des Souvenirs, se peignait à mes yeux à travers ces récits plus ou moins semés de jolis mots

  1. Chez Charpentier, rue de Seine, 31.