pos, si doux aux habitudes civiles des peuples, est souvent funeste aux armées qui les défendent. On languit, l’éducation guerrière s’affaiblit, l’esprit militaire sommeille et s’énerve, et c’est le danger des longues paix d’amollir la trempe des courages oisifs sous les drapeaux. Eh bien ! la France possède en Afrique une gymnastique militaire, une arène qui attend ses soldats, et peut, à chaque minute, s’agrandir devant leur valeur. N’est-ce rien que de pouvoir tour à tour proposer à l’émulation de toute l’armée française l’imitation des Romains et la défaite des Arabes ? On peut, d’intervalle en intervalle, renouveler dans la régence d’Alger les vingt-cinq mille hommes qui lui sont nécessaires, et, de cette façon, au bout de quelques années, toute l’armée nationale aura passé sur un théâtre de gloire et d’aventures. Les hommes du métier estiment qu’une infanterie qui a appris à résister au choc de la cavalerie arabe sera formidable pour tout ennemi, quel qu’il soit.
On aurait commis une grande faute si on avait fait envisager à l’armée le séjour de l’Afrique comme un châtiment ou comme une disgrace. Alger devrait être, au contraire, au milieu de la paix européenne, l’objet de l’ambition militaire.
S’il était vrai qu’il y eût dans les chambres un désir opiniâtre et sourd de réduire peu à peu l’armée d’Afrique à quelques bataillons, il faudrait plaindre la France, dont les traditions et le génie seraient oubliés.
Enfin, qu’on y réfléchisse, nous ne sommes pas un petit peuple sans souvenirs, sans dignité, sans devoirs envers nous-mêmes et envers le monde. Les intérêts et l’honneur de la France ne se régissent pas au rabais. Y a-t-il donc une exaltation suspecte à demander que la France ait autre chose en Afrique qu’un caporal et quatre hommes ? Il faudrait maudire la conquête de 1830, si elle aboutissait à nous montrer à l’Europe sans initiative et sans vigueur.
Les desseins politiques à la fois grands et utiles, sans illusion et sans chimère, doivent pouvoir prouver sous toutes les faces leur justesse et leur vérité. Non-seulement l’agriculture et la guerre nous appellent en Afrique, mais la marine nous y convie avec autorité. Depuis six ans la France possède une étendue de deux cent quarante lieues de côtes à trois jours de distance de Toulon et de Marseille : nous sommes établis entre Malte et Gibraltar. La régence nous livre les ports d’Alger, de Bone, d’Oran et de Bougie ; nous avons