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REVUE DES DEUX MONDES.
Importations. Exportations.
1833. 7,599,158 1,028,110
1834. 8,560,236 2,376,662
1835. 12,164,064 2,503,544


Et dans les importations ne figurent point les marchandises introduites pour l’armée, qui, si on les comprend, élèvent le chiffre de 1835 à 16,778,737 francs.

Ces documens sont certains et fournis par des relevés de douane.

En 1835, il est entré dans les ports de la régence 2,090 navires, jaugeant 136,240 tonneaux, et montés par 16,858 hommes.

Sur ce nombre, 341 navires, jaugeant 28,524 tonneaux, montés par 2,417 marins, appartenaient à la France ; et l’ordonnance royale du 11 novembre 1835, en soumettant les navigateurs étrangers à des droits dont les nationaux sont affranchis, fera profiter la marine française de ce grand mouvement commercial.

Les hommes arrivent aussi. Depuis le 1er janvier 1836, on peut citer, entre autres émigrations, celle de 2,000 Mahonnais. Cette population, endurcie au travail sous un climat analogue au nôtre, a déjà réduit de moitié le prix de la main d’œuvre, dont la cherté était une des principales difficultés dans la nouvelle colonie[1].

Nous pouvons prononcer le mot de colonie nouvelle, car elle est fondée, et il n’est en la puissance de personne d’y renoncer et de la perdre. Les faits ont parlé, et, quoique nouveaux encore, ils sont assez considérables pour se faire obéir. Une fois entrés dans un courant d’événemens et de conjonctures, les hommes et les nations doivent poursuivre jusqu’au bout. Les grands résultats ne sont pas toujours la conséquence d’une réflexion systématique, qui, dès l’origine, a tout embrassé : ils peuvent naître irrégulièrement. Les peuples, dit un des penseurs les plus féconds de l’antiquité, n’ont pas eu tous les mêmes motifs pour se chercher une autre patrie. La ruine de la cité sous l’agression étrangère, une sédition, une population trop abondante, une peste, un tremblement de terre, l’ingratitude du sol natal, la fécondité vantée d’un terroir lointain, voilà quelques-unes des causes historiques qui ont pro-

  1. Ces renseignements nous sont transmis par M. Urtis, qui se trouve en ce moment à Alger.