à son profit. Aujourd’hui, ces difficultés s’aplanissent sans que la France abandonne en rien sa dignité. Les frères Wahl et le canton de Bâle-Campagne traitent sur le pied d’une juste indemnité, et une transaction éteindra ces déplorables différends.
Mais pendant que les affaires de la Grèce, du Danube, de l’Espagne et de la Suisse, présentent des points de conciliation, il en est une sur laquelle il est impossible de s’entendre. À chaque session, cette grosse question se représente, et chaque fois elle met la chambre en feu. Si jamais les partis prennent les armes, en France, ce sera sans doute pour cette question. S’il devient nécessaire de dissoudre les chambres, ce sera pour cette cause. On discute froidement sur presque toutes les affaires ; on s’échauffe invariablement quand il s’agit de celle-ci. La passion, qui s’est vue chassée des questions diplomatiques, s’est réfugiée là tout entière. Quand cette discussion périodique commence, il n’est pas un pouvoir de l’état qui n’en soit ému. Le président du conseil monte à la tribune, le président de la chambre descend de son auguste siége pour prendre part à cet important débat ; les meilleurs esprits s’animent, les journaux discutent avec aigreur ; et, en effet, tout ce mouvement, tout ce bruit, toute cette exaltation ne sont pas de trop. Il s’agit de savoir si le Théâtre-Français jouera les tragédies de M. Viennet et de M. Fulchiron ou les drames de M. Hugo, de M. de Vigny et de M. Dumas ! de savoir si l’Opéra-Comique aura 240,000 ou 180,000 francs de subvention ; si on y chantera des cavatines ou des ariettes ! Le moyen de rester froid dans une semblable discussion ?
Nous sommes trop bons citoyens pour rester en arrière, et nous ne serons pas plus indifférens que la chambre sur ce point vraiment important de notre constitution sociale, si on le juge d’un peu haut. En ce qui est des affaires théâtrales et des questions d’art, la chambre a l’inconvénient de compter parmi ses membres quelques hommes si exclusivement occupés de ces matières qu’ils ne peuvent les traiter sans passion ; des littérateurs trop lettrés, des poètes trop enthousiastes de la poésie, très bons députés en toute autre circonstance, mais qui perdent tout sang-froid dans celle-ci, et déposent alors la qualité du législateur pour se livrer à toute la fougue de l’irritabile genus. Or ce n’est pas de M. de Lamartine, de M. Thiers et de M. Guizot que nous parlons, mais de M. Fulchiron, de M. Auguis et de quelques écrivains non moins illustres. L’année dernière, c’était M. Charlemagne qui s’était placé à la tête de la chambre, et qui attaquait le Chatterton, de M. de Vigny. M. de Vigny joue de malheur. Cette année lui apporte le coup de pied de M. Fulchiron ! Aux yeux de M. Fulchiron, Chatterton a le tort de se tuer au lieu de vivre honorablement du travail de ses mains, comme a fait M. Fulchiron, au lieu de s’enrichir peu à peu comme lui, de devenir fabricant, maire de village, député, et de faire alors de la littérature. Chaque chose a son temps. Faites des bas d’abord, tissez des étoffes, conduisez-vous honorablement, et ensuite, quand vous paierez exactement vos impôts, quand vous serez électeur, éligible, vous ferez, si vous voulez, des tragédies à la façon des tragédies de l’honorable député du Rhône. L’honorable