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méril ayant été bientôt après nommé professeur d’anatomie, la place de chef des travaux fut confiée à Dupuytren en 1801. Il se livra dès lors avec MM. Fleury de Clermont et Breschet à des travaux d’anatomie qui commencèrent à fixer sur lui l’attention ; en même temps, il fit des cours particuliers dans la maison actuelle de M. Dubois, qu’occupait M. Leclerc ; ces cours, à son grand chagrin n’eurent pas de succès, et il y renonça au bout de deux ans. Ce revers ne le découragea point ; il sentait ses forces et il avait toujours en perspective la chaire de professeur. Dès cette époque, il venait le soir, quand la nuit était close, essayer son organe dans l’amphithéâtre de l’école. Il faisait ces essais avec M. Thouret, mort député dernièrement, neveu du directeur de la faculté et fils du célèbre Thouret qui présidait l’assemblée constituante quand Louis XVI vint y signer la constitution de 1791.

Ce fut lui qui, lors de l’introduction de la vaccine en France, vaccina les enfans de Toussaint-Louverture au collége de la Marche où ils avaient été placés par le premier consul. Les travaux qu’il entreprit avec M. Thénard sur les gaz méphitiques des fosses, datent de cette époque, et il s’occupait en même temps avec M. Dupuy de recherches sur la médecine, l’anatomie et la chirurgie vétérinaire ; il essaya, comme on sait, l’opération de la cataracte sur des chevaux aveugles. Il avait aussi quelque temps avant préparé le cours de chimie de Bouillon-Lagrange au Jardin des Apothicaires, et suivi les cours de Cuvier au Jardin du Roi.

Thouret fut un des premiers qui devina Dupuytren ; à la mort d’un professeur de chirurgie de la faculté de Montpellier, M. Dumas vint lui demander un remplaçant et nomma Dupuytren : — vous n’êtes pas assez riches à Montpellier, dit Thouret, pour payer un tel homme.

Après un brillant concours qui eut lieu en 1803 dans l’église de l’oratoire, il obtint la place de troisième chirurgien de l’Hôtel-Dieu ; bientôt il remplaça le chirurgien en second, M. Giraud, qui fut nommé chirurgien du roi en Hollande.

« Mais il n’était pas chirurgien en chef, et le rôle d’observateur ne suffisait pas à sa prodigieuse activité, car Dupuytren était surtout un homme d’action. On pouvait lui dire quelquefois : Tu n’iras pas plus loin. Il avait formé le plan d’une opération de ligature de l’artère sous-clavière ; une occasion se présente pour l’exécuter, mais une volonté supérieure, comme il le dit lui-même, s’y opposa. Concevez-