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écriture ; mais cette liaison fut pour lui, comme pour son devancier, une circonstance qui compliquait le problème, au lieu d’en avancer la solution. Il était loin de soupçonner que la langue copte fût contemporaine de l’écriture hiéroglyphique.

Cette langue va donc nous être du plus grand secours pour l’interprétation des légendes hiéroglyphiques sculptées sur les temples par ceux qui l’ont parlée. Disons plus, elle est la seule voie possible pour arriver. Je ne saurais mieux faire que de citer, à ce sujet, les paroles de M. Champollion lui-même. Après avoir parlé (Introduction de la grammaire égyptienne) des tentatives infructueuses faites pendant si long-temps, en dehors de la langue copte, pour interpréter les inscriptions hiéroglyphiques, il ajoute :

« Les études égyptiennes ne pouvaient compter sur aucun progrès réel, puisqu’on voulait parvenir à l’intelligence des inscriptions hiéroglyphiques en négligeant précisément le seul moyen efficace auquel pût se rattacher quelque espoir de succès, la connaissance préalable de la langue parlée des anciens Égyptiens. Cette notion était cependant le seul guide que l’explorateur pût adopter avec confiance dans les trois hypothèses possibles sur la nature de cet antique système graphique.

« Si, en effet, l’écriture hiéroglyphique ne se composait que de signes purement idéographiques, c’est-à-dire de caractères n’ayant aucun rapport direct avec les sons des mots de la langue parlée, mais représentant chacun une idée distincte, la connaissance de la langue égyptienne parlée devenait indispensable, puisque les caractères, emblèmes ou symboles, employés dans l’écriture à la place des mots de la langue, devaient être disposés dans le même ordre logique, et suivre les mêmes règles de construction que les mots dont ils tenaient la place ; car il s’agissait de rappeler à l’esprit, en frappant les yeux par la peinture, les mêmes combinaisons d’idées qu’on réveillait en lui en s’adressant aux organes du sens de l’ouïe par la parole.

« Si, au contraire, le système hiéroglyphique employait exclusivement des caractères de son, ces signes ou lettres composant l’écriture égyptienne, sculptés avec tant de profusion sur les monumens publics, ne devaient reproduire d’habitude que le son des mots propres à la langue parlée des Égyptiens.

« En supposant enfin que l’écriture hiéroglyphique procédât par le mélange simultané des signes d’idées et des signes de sons, la connaissance de la langue égyptienne antique restait encore l’élément nécessaire de toute recherche raisonnée, ayant pour but l’interprétation des textes égyptiens. »

La question ainsi posée d’une manière toute nouvelle par la lecture des