Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
REVUE DES DEUX MONDES.

vi.

Nous avons promené le curieux à travers les quatre exhibitions où nous nous étions engagé de le conduire. Nous lui avons été le plus exact et le plus fidèle cicerone que nous avons pu. Si nous n’avons pas tout montré, au moins espérons-nous n’avoir rien omis qui dût être particulièrement admiré. Nous n’avons négligé aucun nom recommandé hautement par son mérite ou son illustration. Face à face avec les célébrités, nous nous sommes appliqué à découvrir le caractère habituel et général de leurs talens, plutôt qu’à détailler leur œuvre du jour. Ainsi avons-nous essayé, non pas tant d’asseoir notre propre appréciation sur une large base, que de mettre chacun en état de prononcer de soi-même, en parfaite connaissance.

À cet effet, quelques observations, déjà indiquées, veulent être rappelées et rapprochées, afin d’éclairer davantage la matière.

On a vu qu’en Angleterre même, d’honorables antagonistes de l’Académie déploraient amèrement et flétrissaient l’abandon des hautes régions de l’art. Mais cet abandon très réel provient de causes qui l’expliquent et l’excusent.

Il est incontestable que l’artiste ne saurait travailler uniquement pour la gloire. Il faut qu’il travaille d’abord pour vivre. La dure nécessité lui prescrit donc de faire, avant tout, des tableaux capables de plaire à ceux qui achètent. Michel-Ange lui-même n’aurait jamais peint la chapelle Sixtine, pour l’unique plaisir d’y empreindre gratuitement son immortalité.

Chez nos voisins, la difficulté d’aborder les sujets religieux serait double. L’église protestante les a arrachés de ses murs comme images profanes. Ainsi non-seulement il ne s’agit pas de les lui vendre, mais l’enthousiaste M. Haydon eût-il la fantaisie de se hisser jusqu’au dôme de Saint-Paul, afin de le décorer bénévolement, il courrait le risque d’être jeté hors du temple et poursuivi en sacrilége.

D’autre part, le gouvernement ne commande aucune sorte de tableaux. L’honorable chambre des communes n’a jamais estimé que le moindre farthing du budget dût être employé à l’encouragement de la peinture historique ou non historique. Parce qu’un club