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peu de temps, en Bretagne, et ce qui, je crois, s’y passe encore. Un orateur se place à la tête du cortége du marié, un autre se place sur le seuil de la porte de l’épousée. Celui-ci exalte les perfections de la jeune fille, celui-là exalte les mérites de l’époux ; ce dialogue, qui vraisemblablement fut dans l’origine un chant alternatif, devient souvent une vive et longue altercation, qui finit quelquefois par des coups. Ce sont là, sans doute, des représentans fort indignes des anciens bardes gaulois ; la prose, comme toujours, a remplacé la poésie ; le discours a remplacé les vers. Dans quelques endroits, cet office est dévolu aux tailleurs, et ailleurs tout se réduit à un discours pédantesque du maître d’école adressé à la mariée. Ainsi va se dégradant toute poésie, et, en suivant le cours des siècles, on descend des druides et des bardes aux tailleurs et aux maîtres d’écoles.


J. J. Ampère.