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IL NE FAUT JURER DE RIEN.

VAN BUCK (l’embrassant).

Ah ! malheureux ! tu abuses de moi !

VALENTIN.

Écoutez-moi ; le mariage me répugne ; mais pour vous, mon bon oncle, je me déciderai à tout. Quelque bizarre que puisse vous sembler ce que je vais vous proposer, promettez-moi d’y souscrire sans réserve, et, de mon côté, j’engage ma parole.

VAN BUCK.

De quoi s’agit-il ? Dépêche-toi.

VALENTIN.

Promettez d’abord, je parlerai ensuite.

VAN BUCK.

Je ne le puis pas sans rien savoir.

VALENTIN.

Il le faut, mon oncle ; c’est indispensable.

VAN BUCK.

Eh bien ! soit, je te le promets.

VALENTIN.

Si vous voulez que j’épouse mademoiselle de Mantes, il n’y a pour cela qu’un moyen, c’est de me donner la certitude qu’elle ne me mettra jamais aux mains la paire de gants dont nous parlions.

VAN BUCK.

Et que veux-tu que j’en sache ?

VALENTIN.

Il y a pour cela des probabilités qu’on peut calculer aisément. Convenez-vous que si j’avais l’assurance qu’on peut la séduire en huit jours, j’aurais grand tort de l’épouser ?

VAN BUCK.

Certainement. Quelle apparence ?…

VALENTIN.

Je ne vous demande pas un plus long délai. La baronne ne m’a jamais vu, non plus que la fille ; vous allez faire atteler, et vous irez leur faire visite. Vous leur direz qu’à votre grand regret, votre neveu reste garçon ; j’arriverai au château une heure après vous, et vous aurez soin de ne pas me reconnaître ; voilà tout ce que je vous demande, le reste ne regarde que moi.

VAN BUCK.

Mais ta m’effraies. Qu’est-ce que tu veux faire ? À quel titre te présenter ?