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REVUE DES DEUX MONDES.

L’ABBÉ.

Madame, c’est une voiture versée devant la porte du château. On apporte ici un jeune homme qui semble privé de sentiment.

LA BARONNE.

Ah ! mon Dieu, un mort qui m’arrive ! Qu’on arrange vite la chambre verte. Venez, Van Buck, donnez-moi le bras.

(Ils sortent.)

ACTE DEUXIÈME.



Scène PREMIERE.

Une allée sous une charmille.
Entrent VAN BUCK et VALENTIN, qui a le bras en écharpe.
VAN BUCK.

Est-il possible, malheureux garçon, que tu te sois réellement démis le bras ?

VALENTIN.

Il n’y a rien de plus possible ; c’est même probable, et, qui pis est, assez douloureusement réel.

VAN BUCK.

Je ne sais lequel, dans cette affaire, est le plus à blâmer de nous deux. Vit-on jamais pareille extravagance !

VALENTIN.

Il fallait bien trouver un prétexte pour m’introduire convenablement. Quelle raison voulez-vous qu’on ait de se présenter ainsi incognito à une famille respectable ? J’avais donné un louis à mon postillon en lui demandant sa parole de me verser devant le château. C’est un honnête homme, il n’y a rien à lui dire, et son argent est parfaitement gagné ; il a mis sa roue dans le fossé avec une constance héroïque. Je me suis démis le bras, c’est ma faute ; mais j’ai versé, et je ne me plains pas. Au contraire, j’en suis bien aise ; cela donne aux choses un air de vérité qui intéresse en ma faveur.

VAN BUCK.

Que vas-tu faire ? et quel est ton dessein ?

VALENTIN.

Je ne viens pas du tout ici pour épouser mademoiselle de Mantes, mais