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LA PRESSE EN ANGLETERRE.

Le Morning-Chronicle, dont l’éditeur et rédacteur, M. Black, fort connu par sa querelle avec M. Roebuk, jouit d’une grande considération, représente la fraction avancée des whigs ; il se tient sur la lisière du radicalisme, sans y entrer. Le Morning-Advertiser, le plus répandu des journaux réformistes et le plus ancien, personnifie ce libéralisme puritain, qui est le vieil esprit de la réforme en Angleterre ; c’est l’oracle de la bourgeoisie.

Les diverses nuances du parti conservateur sont complètement et fidèlement exprimées par ses quatre organes : le Morning-Herald, le Morning-Post, le Standard et le Times. Le Morning-Herald, espèce d’édifice gothique, est l’arsenal qui recueille tous les préjugés du pays. Son langage n’a pas la violence du Morning-Post, ni l’audace délibérée du Times ; mais il ne cède pas de meilleure grâce, et défend les abus comme autant de parties intégrantes de la constitution. Le Morning-Post et le Standard représentent plus particulièrement l’opposition de la chambre des pairs. Le Times, plus adroit et plus récemment acquis au parti, s’est fait l’organe de sir Robert Peel. Dans l’ordre des intérêts, car toute opinion repose sur un intérêt en Angleterre, il figure cette aristocratie manufacturière et marchande qui a toutes les prétentions de la noblesse sans en avoir l’éclat.

La presse du dimanche compte plus de 40 journaux et publie plus de 120,000 feuilles ; un seul journal, le Weekly-Dispatch, fournit le quart du nombre total dans cette immense circulation. Parmi les feuilles hebdomadaires, plusieurs ne se proposent que de reproduire les opinions et de compléter, pour ainsi dire, la publication de leur modèle quotidien. Tels sont le Sunday-Herald, le Sunday-Times et le Weekly-True-Sun. D’autres s’adressent à la fois aux hommes politiques et aux littérateurs comme le Spectator et l’Examiner, feuilles d’une rédaction indépendante et élevée. Le plus grand nombre ont leur clientelle dans les rangs inférieurs de la société ; ainsi du Satirist, qui fait les délices des domestiques, du John Bull qui est lu par la populace des tories, du Weekly-Dispatch, vraie denrée de province et pâture de fermiers.

La prépondérance des opinions réformistes est encore plus grande dans la presse hebdomadaire que dans la presse quotidienne ; car, à mesure que l’on descend dans les classes inférieures,