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LA PRESSE EN ANGLETERRE.

d’excellens écrivains, des éditeurs instruits ; ils ont surtout dans l’occasion cet admirable bon sens qui met toujours le doigt sur la plaie, et qui en sonde promptement la profondeur. Mais ils vont au jour le jour ; ils suivent l’opinion dans tous ses mouvemens et jusque dans ses écarts. Ils sont de la foule, ils ne conduisent pas.

Tous les partis ont deux presses en Angleterre : la presse des revues, où ils mettent leur pensée politique, et la presse des journaux, presse de détail, qui ramasse et contrôle les faits. La première est celle des gentlemen ; elle donne un rang et une position à ceux qui écrivent ; la direction des affaires lui appartient. La seconde est la presse de la bourgeoisie ; c’est sa conversation écrite, c’est la mesure de son niveau intellectuel. Pour que les journaux s’élèvent dans l’opinion, il faut peut-être que les revues déclinent, et cela se fait tous les jours, ou plutôt tous les ans. La Revue d’Édimbourg n’est plus une école ; le Quarterly Review est devenu une arène de personnalités qui n’épargnent pas même les femmes ; le Westminster Review s’est fondu avec le London Review, sans pouvoir donner au parti radical l’organe qui lui manquait ; le British and foreign Review fait grande dépense de talent et d’impartialité dans une direction qui n’est pas assez visible aux yeux du public. Les traditions de la grande critique se perdent en Angleterre ; et quand on pourrait les conserver religieusement, elles ne réveilleraient pas l’appétit blasé des lecteurs.

Admettons que les journaux succèdent à l’importance des revues. Ce sera beaucoup assurément, et la presse ne saurait s’élever plus haut en Angleterre. Mais n’y a-t-il rien au-delà ?

Pour dire toute notre pensée, le rôle de la presse n’est pas le même dans les deux pays. En France, et avec cette impatience de découvertes, ce génie d’innovation qui nous est propre, la presse,

    d’heure après, le courrier qui les avait apportées de Liverpool à Londres repartit pour Liverpool avec un numéro du journal, et le jour suivant, à onze heures, l’agent de Liverpool l’avait déjà reçu. Comme dans cet intervalle le vent n’avait pas été favorable, et que le vaisseau n’avait pu entrer dans le port, les habitans de Liverpool reçurent de Londres la première nouvelle de la bataille une heure avant l’entrée du navire qui l’avait apportée en Europe. »

    « Lorsque l’empereur de Russie vint en Angleterre, il visita l’université d’Oxford ; la nouvelle de son arrivée fut envoyée le soir, par un exprès, à un journal du matin, où elle fut insérée, et le lendemain matin l’empereur trouva sur sa table le récit de sa visite de la veille. »