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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 7.djvu/87

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LES RÉPUBLIQUES MEXICAINES.

remède, et doit inévitablement les conduire à la perte de leur indépendance.

Deux partis bien tranchés se disputent la prépondérance dans le gouvernement, le parti des aristocrates et celui des libéraux, ou pour parler plus juste, le parti des gens en place, qui veulent conserver ce qu’ils ont, et le parti des gens qui n’ont rien, et qui veulent avoir ; car ce n’est que pour les emplois rétribués qu’on se divise et qu’on se bat. L’agriculture, l’industrie, les arts de toute espèce étant entièrement négligés, une foule d’ambitieux tournent leurs prétentions vers les emplois lucratifs, et veulent servir la patrie en quelque sorte malgré elle. Aussi est-ce un empressement, un patriotisme, qui pourraient enfanter des merveilles, si on pouvait les prendre au sérieux ! c’est un assaut d’intrigues et de cabales parmi les citoyens qui se disputent les places ! Il s’en présente des milliers qui consentiraient à être présidens, des milliers qui se dévouent aux grades de généraux, de colonels, etc. Il en est de même pour les emplois civils. Mais comme la patrie n’a pas besoin de tant de gens de bonne volonté, tous ceux dont elle ne peut accepter les services, n’ont d’autre ressource que de chercher à renverser les élus. Bientôt les mécontens se réunissent, et mus par les mêmes motifs, animés des mêmes espérances, ils prennent les armes, ou, pour nous servir de l’expression consacrée dans le pays, ils se prononcent, les uns au nom de la sainte religion, les autres pour la défense de la liberté ; tous, d’un accord unanime, déclarent leurs adversaires aristocrates ou sans-culottes, traîtres, infâmes brigands, les mettent au ban de la nation, et soudain entrent en campagne. Rien de plus ordinaire, de plus simple et de plus facile qu’une révolution militaire au Mexique. Il est bien rare qu’il se passe un intervalle de cinq à six mois sans qu’on voie apparaître le drapeau de la révolte ; et comme la plupart de ces révolutions qu’on pourrait appeler périodiques, tournent toujours à bien pour ceux qui les entreprennent, comme les chefs savent toujours habilement en profiter pour leur propre compte, chacun veut en essayer, depuis le général jusqu’au caporal. Ceci est rigoureusement vrai.

Or, voici comment se fait une révolution militaire : un sergent, par exemple, se trouve en garnison dans un village avec vingt hommes ; ce nombre est plus que suffisant pour l’exécution de ses desseins ; un beau matin, il lui prend un accès de patriotisme, il