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DÉMÊLÉS DE LA FRANCE ET DE LA SUISSE.

diète sur les réfugiés. Cela est si vrai, que plusieurs journaux suisses ont fait un crime à la diète d’avoir traité la question immédiatement après l’envoi de cette note, et l’ont accusée d’encourager l’insolence de la diplomatie étrangère, en obéissant aussitôt à ses premières injonctions[1]. L’état de Zurich avait annoncé qu’il réclamerait une mesure générale sur les réfugiés, et sa proposition coïncida effectivement avec la communication de la note française, ou la suivit de près. Mais on ne la connaissait pas encore à Paris quand la note y fut rédigée ; et comme on prévoyait la résistance de certains cantons à toute mesure fédérale un peu sérieuse, il fallait bien faire comprendre à la Suisse quelles conséquences pourrait avoir un dissentiment qui annulerait les dispositions consenties par la majorité des états. C’est encore le même motif qui explique la lettre confidentielle adressée par M. Thiers au duc de Montebello, et dont il a transpiré quelques passages dans la presse par suite des indiscrétions qu’il faut toujours prévoir dans un état comme la Suisse. Le conclusum était alors en discussion, et la Suisse paraissait bien disposée à prendre des engagemens satisfaisans. Mais il s’agissait, pour leur donner une sanction réelle, de faire intervenir l’autorité fédérale dans leur exécution, qui n’était pas suffisamment garantie par le projet de la majorité de la commission. Ces moyens peuvent être jugés avec plus ou moins de faveur ; mais leur but semblerait devoir les absoudre, et ce but a été rempli. En 1834, la Suisse avait eu à supporter des paroles bien plus hautaines, des exigences prononcées avec bien moins de ménagement, et nous ne sachions pas que ni la diète, ni le directoire

  1. On lit, en effet, dans le Nouvelliste Vaudois, parmi des réflexions sur le conclusum :

    « … Les considérans d’abord. Nous en ajouterions un, si nous étions pour le conclusum. Nous dirions : Vu la note de M. le duc de Montebello, du 18 juillet 1836, appuyée par les ministres des autres puissances. Aurait-on proposé le conclusum sans la note ? On reçoit la note le 20 juillet. Au lieu d’y répondre sur-le-champ avec l’accent de l’indépendance et de la vraie dignité nationale, on propose des mesures pour le présent, des mesures pour l’avenir, et après quelques semaines on répondra : Nous avons pris spontanément, librement, des mesures ; par conséquent, vous devez être satisfaits. Puis on relèvera quelques expressions hautaines de M. le duc… Voilà ce qui résulte des pièces. La majorité de la commission a cru faire de la résistance ; mais s’étant placée sur un mauvais terrain, elle a cédé, peut-être sans s’en douter. »

    C’est le journal de M. Druey qui attaque ainsi M. Monnard, député du canton de Vaud à la diète, et rapporteur de la commission sur l’affaire des réfugiés.