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faut pas tendre à la division des écoles, et avoir des écoles spéciales catholiques et des écoles spéciales protestantes. Une école du peuple est pour le peuple tout entier. » — « Oui, vous avez raison, l’école doit être chrétienne, il le faut absolument. La tolérance n’est nullement de l’indifférence. Il faut développer l’esprit moral et l’esprit religieux des enfans par la lecture de l’ancien et du nouveau Testament, par un bon choix d’histoires bibliques ; surtout il faut que cet enseignement soit mêlé à tous les autres enseignemens ; qu’il se retrouve dans la lecture, dans l’écriture, dans l’histoire, etc. » — « Je n’approuverais point que le maître d’école fît aucun enseignement religieux dogmatique : un pareil enseignement appartient aux ministres des différens cultes, en dehors de l’école. J’admets qu’en certains cas le maître d’école fasse réciter le catéchisme, et encore cela n’est pas sans inconvéniens. » — « Vous êtes en Hollande où l’esprit chrétien est très répandu, et où en même temps une grande tolérance existe depuis des siècles entre les diverses communions. »

Ainsi sur ce premier point, le principe de M. Van den Ende est de maintenir fortement l’esprit du christianisme dans les écoles, et pourtant de n’y laisser pénétrer aucun enseignement religieux dogmatique. Pour tout dire, il m’a paru même redouter l’intervention du curé ou du pasteur dans l’inspection de l’école, intervention à laquelle on attache tant de prix en Allemagne et sur laquelle j’ai moi-même tant insisté[1].

Nous avons ensuite parlé de l’inspection des écoles et du mode d’inspection. « Oh ! pour cela, m’a-t-il dit, des hommes spéciaux, des hommes spéciaux ! » Il a vivement regretté que notre loi de 1833 n’eût pas institué des inspecteurs spéciaux, nommés par le gouvernement, comme en Hollande et en Allemagne, et comme je l’avais demandé dans mon rapport sur l’instruction primaire en Prusse[2] ; et je lui fis un grand plaisir en lui apprenant que depuis nous avions sans bruit rempli cette lacune et que nous avions maintenant un inspecteur primaire par département. Il a été charmé de cette nouvelle et il m’a dit : « Prenez garde au choix de vos inspecteurs. » Il semblait heureux de l’éloge profondément

  1. Rapport sur l’instruction primaire en Prusse, etc., pag. 220-233 ; et mon Rapport à la chambre des pairs sur la loi de 1833.
  2. Ibid., pag. 250.