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Nous avons parcouru les divers degrés de l’instruction primaire. D’abord une école de pauvres, c’est-à-dire une école élémentaire gratuite, puis deux tuschen-schoolen, nos écoles élémentaires payantes, puis enfin des écoles dites françaises, écoles privées qui sont à peu près nos écoles primaires supérieures, les Bürgerschulen de l’Allemagne. J’ai été fort content de l’activité et de l’intelligence de ces jeunes maîtres ; mais ce qui m’a le plus frappé, c’est l’autorité de M. Prinsen. Comme directeur de l’école normale primaire, il commande à ces jeunes gens ; comme inspecteur du district de Harlem, il commande aux maîtres eux-mêmes, et toutes ces écoles, élèves et maîtres de tous les degrés et de toutes les conditions, lui sont soumis, comme une armée à son général. Tout se meut à sa voix, tout est inspiré de son esprit et de son ame. La méthode pour enseigner à lire dont il est l’auteur, méthode ingénieuse, mais dans laquelle je ne crois pas devoir entrer, est la méthode universellement reçue. Les neuf tableaux gradués qu’elle emploie, sont appendus dans les écoles, et M. Prinsen, absent ou présent, est toujours là.

J’avais vu en Hollande des écoles primaires de toutes sortes, excepté pourtant des écoles de village. M. Prinsen nous proposa de nous en montrer quelques-unes dans une promenade que nous fîmes aux environs, pour voir aussi cet admirable jardin qui entoure Harlem, et les serres de M. Hope d’Amsterdam. Il est difficile de faire une course plus agréable. Les serres de M. Hope sont très belles, et j’ai vu là cette culture de fleurs qui est une des curiosités et des richesses de Harlem. Nous avons poussé notre promenade jusqu’aux dunes de Zomerdorf, du haut desquelles nous avons eu pendant quelque temps deux magnifiques spectacles derrière nous, ce grand lac qu’on appelle la mer de Harlem, le golfe de l’Y et le Zuiderzée, et à l’autre extrémité de l’horizon l’Océan du nord tout au plus à une demi-lieue.

En allant et en revenant, nous avons visité plusieurs écoles, et j’avoue qu’ici mon étonnement a été bien autrement grand que dans les écoles de la ville. Je crois bien que M. Prinsen n’aura pas choisi les plus mauvaises pour nous les montrer, mais choisies à dessein ou offertes à nous, par le hasard de la promenade, il est certain que, même en Prusse ou en Saxe, je n’ai jamais vu, je ne dis pas de plus belles, mais d’aussi belles écoles de village. Figurez-