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REVUE. — CHRONIQUE.

Rémusat et M. Guizot. Le ministère a opposé une dénégation à ce que nous avons dit de ses soins et de son travail en cas d’élections futures ; nous persistons à croire nos renseignemens exacts. Le ministère se défie, et à bon droit, de la chambre ; il veut se tenir prêt pour telles circonstances où il pourrait obtenir du roi de la dissoudre.

L’approche de la session rend tous les jours plus vives les différences qui séparent MM. Molé et Guizot. M. Molé soutient de bonne foi le système de non-intervention, mais ses vœux et ses sympathies sont pour la cause constitutionnelle ; loin d’incliner au côté droit, son attention est éveillée depuis quelque temps par les menées et les espérances des partisans de l’ancienne légitimité. M. Guizot, au contraire, voudrait intervenir à Lisbonne pour la cause aristocratique ; il l’écrit et le proclame ; ses avances au parti légitimiste continuent toujours. M. Molé va au centre gauche, M. Guizot au centre droit ; comment garder long-temps encore les apparences de l’union, et paraître faire route ensemble quand on est si loin l’un de l’autre ? Le caractère de M. Molé l’appelle à former un jour des alliances plus nationales que celles qu’il pourrait trouver dans le parti doctrinaire.


M. Lerminier vient de publier le cours d’histoire des législations comparées qu’il professe avec tant d’éclat et de succès au Collége de France[1]. Ces leçons renferment l’histoire du droit international pendant la période qui s’étend depuis la bataille d’Actium jusqu’à Commode. La sténographie a conservé au style tout le coloris et tout le mouvement de l’improvisation. Quant aux idées mêmes du livre, jamais on n’avait aussi bien compris et mieux retracé la transformation du génie antique qui s’opère sous les empereurs, la naissance et les progrès de l’esprit nouveau, et la lutte de ces deux tendances pour aboutir à un progrès de plus en plus marqué de la civilisation.


— Sous le titre d’Exposé et Examen critique du système phrénologique, le docteur Cerise vient de donner un volume qui intéresse tous ceux qui s’occupent à la fois de philosophie et de physiologie. Le point de vue de l’auteur, comme il l’explique avec étendue dans une lettre adressée aux élèves de l’École de Médecine et qui sert de préface au livre, est le christianisme entendu et professé dans le sens où l’établit M. Buchez. De cette position élevée de spiritualisme et de morale, M. Cerise s’en prend directement aux conséquences et aux principes de l’école phrénologique, et montre à merveille combien ses prétentions sont exorbitantes par rapport aux faits et aux bases réelles. Avec cette fermeté et

  1. vol. in-8o, chez Ebrard. — Semestre d’été.