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LA NAVARRE
ET
LES PROVINCES BASQUES.

Depuis trois ans, une guerre acharnée, impie, ravage et ensanglante le nord de la Péninsule ; depuis trois ans, l’Espagne s’épuise en argent et en hommes, pour conserver une périlleuse et vaine offensive, tandis que les provinces théâtre de la guerre voient périr leur agriculture, leur industrie, leur population, sans autres succès que ceux d’une défensive calamiteuse, car elles peuvent reconnaître à présent qu’elles n’éveilleront pas dans le reste de l’Espagne une sympathie assez puissante pour y faire triompher la cause désespérée et maudite qu’elles ont eu le malheur d’associer à la juste cause de leur indépendance ; depuis trois ans, enfin, la France permet, sur sa frontière, sous ses yeux, à la portée des armes de ses soldats, des massacres, des dévastations, des incendies, des représailles horribles, faites pour déshonorer le siècle qui les voit, le pays qui les exécute et celui qui les souffre. Ce doit être aujourd’hui, aussi bien pour les politiques et les hommes d’état que pour les amis de la paix et de l’humanité, un devoir impérieux de chercher à terminer cette guerre, qui semble d’un autre âge et d’une autre partie du monde. La France et l’Angleterre auraient pu, dès long-temps, interposer leurs mains puissantes, séparer les combattans, et dicter aux deux partis les lois d’une pacification. Le traité de la quadruple alliance les réunissait pour ce rôle ; peut-être le leur imposait-il ; mais, sans invoquer même