égal. Il n’y a qu’un député-général dans l’Alava et le Guipuzcoa : c’est le président temporaire de ces petites républiques. Il y en a trois en Biscaye, où ils forment comme un directoire. Ceux de ces magistrats populaires qui ont bien mérité du pays reçoivent, après plusieurs magistratures, le titre honorable et rarement prodigué de père de la province. Dans tout cela, le roi d’Espagne n’intervient aucunement. Il a seulement, dans chaque province, un commissaire, nommé corregidor, dont les fonctions rappellent assez bien celles des anciens comtes (comites) que l’empereur envoyait surveiller les municipalités romaines. L’emploi de corregidor, fort recherché parce qu’il est lucratif, est confié d’habitude à quelque auditeur de Valladolid, ou de toute autre chancellerie. »
La Navarre n’a pas une organisation semblable ; son indépendance n’est pas si complète, ni ses priviléges si étendus : elle était royaume, et non république, lorsqu’elle se fondit dans la couronne d’Espagne, sous les rois catholiques après la mort de François Phœbus et de Catherine, femme de Jean d’Albret ; mais comme sa fusion fut absolument volontaire, et qu’elle en stipula les conditions, la Navarre a toujours conservé les anciens fueros qu’elle possédait alors, tandis que la Castille fut dépouillée des siens par Charles-Quint, et l’Aragon par Philippe II. Elle a conservé ses cortès provinciales : elle est, comme les provinces basques, exempte de la conscription, et possède aussi plusieurs immunités commerciales.
Ce n’est pas la première fois que la cour d’Espagne tente de prendre pied dans ces provinces, et de les faire plier sous le joug commun. Sans chercher au loin dans leur histoire passée, on peut citer ce qui arriva en 1805. Le prince de la Paix, qui régnait alors sous le nom de Charles IV, voulut établir un port franc sur la rivière Nervion, au village d’Albia, en face de Bilbao. C’était détruire d’un seul coup le commerce et la prospérité de cette ville industrieuse, centre des trois provinces. Un commissaire royal fut envoyé, avec quinze mille hommes, pour assurer l’exécution de cette mesure violente, et protéger les travaux commencés au port de la Paix. Mais la députation générale fit un appel aux armes pour la défense des fueros menacés. La province se souleva, et provoqua le soulèvement des autres. La cour eut peur, hésita, négocia, fit retirer ses troupes, et renonça au projet du favori. C’était un