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Page:Revue des Deux Mondes - 1836 - tome 8.djvu/94

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n’y figurent jamais, même pour mémoire ; les établissemens littéraires et les hautes études scientifiques y sont rarement honorés d’un souvenir.

Les lois tendent, par-dessus tout, à favoriser le travail, le travail matériel, le travail du moment. Dans les états un peu anciens, elles sont habituellement empreintes du respect de la propriété, parce que le législateur sent que le plus grand encouragement à donner au travail consiste à le respecter dans ce qui en est le fruit. Elles sont particulièrement conservatrices de la propriété foncière, soit par réminiscence des lois féodales de la mère patrie, soit aussi parce que l’on a tenu à conserver quelque élément stable au milieu de l’instabilité de toute chose ; cependant les lois s’inquiètent généralement beaucoup moins qu’en Europe de ce qui est droit acquis. Malheur aux existences en repos ou actuellement improductives, pour peu qu’elles puissent être accusées de s’appuyer sur le monopole et le privilége ! Le droit qui précède ici les autres, qui les efface tous, est celui du travail : le repos n’a pas encore droit de cité. C’est ainsi qu’excepté en matière de crédit public, où les états et les villes se piquent du plus grand scrupule à remplir leurs engagemens, dans tout débat entre le capitaliste et le producteur, c’est ordinairement le premier qui a tort[1].

Tout est ici disposé pour le travail : les villes sont bâties suivant la méthode anglaise ; les hommes d’affaires, au lieu d’être dispersés par la ville, occupent un quartier qui est exclusivement à eux, où pas une maison ne sert à l’habitation, où tout est bureaux et magasins. Les courtiers, les agens de change, les avoués, les avocats, y ont chacun leur cellule, les négocians leurs comptoirs. Les banques et les compagnies de toute nature y tiennent leur office ; les marchandises emplissent, de la cave au grenier, tous les édifices des rues adjacentes. À toute heure du jour, un négociant n’a que quelques pas à faire pour en rejoindre un autre, pour s’aboucher avec un homme de loi ou un courtier. Ce n’est point comme à Paris, où l’on perd un temps précieux à courir l’un après l’autre. Paris est la cité commerciale la plus mal arrangée de l’univers.

  1. Dans quelques états nouveaux, comme le Kentucky et l’Illinois, il a été passé, aux époques de crises commerciales, des lois qui intervenaient entre le débiteur et le créancier, et qui traitaient fort cavalièrement ce dernier. Elles avaient pour objet d’ajourner le paiement des dettes.