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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mai 1837.



Malgré les déclamations journalières de quelques esprits malades, et en dépit de leurs sinistres prédictions, le pays se montre parfaitement calme et rassuré après l’amnistie. Le roi est accueilli partout avec joie. Le mariage de M. le duc d’Orléans, dont les fêtes commencent à peine, se célèbre au milieu des transports d’enthousiasme des populations, et on semble avoir tout-à-fait oublié qu’il y a un mois, le gouvernement ou quelques-uns de ses membres proclamaient la nécessité d’entretenir une sainte terreur et de frapper de grands coups politiques, si l’on voulait conserver la tranquillité et l’ordre dans le pays.

Ces faits sont notoires. Les journaux du parti doctrinaire annonçaient chaque jour, en termes menaçans, cette fatale nécessité ; les deux lois politiques, de dénonciation et de disjonction, ne leur suffisaient pas ; une sorte de maladie sombre s’était emparée de tous les hommes de ce parti, même de ceux qui passaient pour avoir quelque modération ; et M. Guizot lui-même, entraîné par les déclamations de ses nouveaux amis, des derniers venus et des plus ardens, comme étaient les travailleurs de la parabole de l’Évangile, M. Guizot se montrait frappé d’inquiétude à la vue de l’état des choses, et semblait entièrement les méconnaître. On peut lire encore, dans les journaux qui ont égaré le parti à ce point, les accusations de poltronnerie et de lâcheté qui pleuvaient chaque jour sur ceux qui ne partageaient pas les frayeurs des doctrinaires. Le trône devait