On dirait qu’il n’y a qu’une bourse au monde.
Non, mais il n’y a qu’une bourse bleue. D’abord, moi, le bleu m’est odieux ; ça ne veut rien dire, c’est une couleur bête. Je ne peux pas me tromper sur une chose pareille ; il suffit que je l’aie vue une fois. Autant j’adore le lilas, autant je déteste le bleu.
C’est la couleur de la constance.
Bah ! c’est la couleur des perruquiers. Je ne viens qu’en passant, vous voyez, je suis en grand uniforme ; il faut arriver de bonne heure dans ce pays-là ; c’est une cohue à se casser le cou. Pourquoi donc ne venez-vous pas ? Je n’y manquerais pas pour un monde.
Je n’y ai pas pensé, et il est trop tard à présent.
Laissez donc, vous avez tout le temps. Tenez, chère, je vais sonner. Demandez une robe. Nous mettrons M. de Chavigny à la porte avec son petit meuble. Je vous coiffe, je vous pose deux brins de fleurettes, et je vous enlève dans ma voiture. Allons, voilà une affaire bâclée.
Pas pour ce soir ; je reste décidément.
Décidément ! Est-ce un parti pris ? Monsieur de Chavigny, amenez donc Mathilde.
Je ne me mêle des affaires de personne.
Oh ! oh ! vous aimez le bleu, à ce qu’il paraît. Eh bien ! écoutez ; savez-vous ce que je vais faire ? Donnez-moi du thé, je vais rester ici.
Que vous êtes gentille, chère Ernestine ! Non, je ne veux pas priver ce bal de sa reine. Allez me faire un tour de valse, et revenez à onze heures, si vous y pensez ; nous causerons seules au coin du feu, puisque M. de Chavigny nous abandonne.
Moi ! pas du tout ; je ne sais si je sortirai.