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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/751

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HISTOIRE DU BOUDDHISME.

Ailleurs, la légende raconte comment Sakya-Mouni, le dernier apparu des Bouddhas, le fondateur du bouddhisme actuel, a été amené à sa résolution d’affranchir l’homme et de sauver le monde.

Bouddha est fils d’un roi puissant qui, le voyant triste et rêveur, lui a donné trois épouses accomplies. Chacune d’elles a vingt mille vierges à son service, toutes d’une exquise beauté et pareilles aux nymphes du ciel. Malgré ces soixante mille femmes, qui toutes s’occupent à le soigner et à l’amuser par leurs concerts, le jeune prince n’ouvre point son ame à la joie. Il est tourmenté du désir de connaître la vraie doctrine ; les ministres de son père conseillent de faire voyager le prince pour le distraire de sa méditation. Mais un dieu qui veut l’y ramener, se place quatre fois devant ses pas, sous un déguisement différent. C’est d’abord sous l’aspect d’un vieillard.

Le prince demande : Qu’est-ce que cet homme ? et ses serviteurs lui répondent : C’est un homme vieux. Qu’est-ce que c’est que vieux ? demande-t-il encore, et on lui fait une peinture énergique et lugubre des misères de cet homme, « dont les organes sont usés, dont la forme est changée, qui a le teint flétri, la respiration faible, et dont les forces sont épuisées ; il ne digère plus ce qu’il mange ; ses articulations se disloquent ; s’il se couche ou s’assied, il a besoin des autres ; s’il parle, c’est pour regretter ou pour se plaindre ; le reste de sa vie n’est propre à rien. Voilà ce qu’on appelle un vieillard. » Le jeune prince, après avoir fait lui-même quelques réflexions sur la vieillesse qu’il compare à un char brisé, revient plus triste qu’il n’était parti. « La douleur qu’il avait eue, pensant que tous étaient soumis à cette grave infortune, ne lui permit de goûter aucune joie. »

Le prince sort de nouveau. Son père avait défendu que rien de fétide ou d’immonde se trouvât sur la route. Mais le dieu qui, d’abord, s’était déguisé en vieillard, prend cette fois la forme d’un malade gisant au bord du chemin. « Ses yeux ne voyaient pas les couleurs, ses oreilles n’entendaient pas les sons, ses pieds et ses mains cherchaient le vide ; il appelait son père et sa mère, et s’attachait douloureusement à sa femme et à son enfant. » Le

    tesque a eu parmi nous un succès de vogue, les années précédentes, à l’époque des étrennes.