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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 10.djvu/783

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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

qu’ils portent, il semble qu’il faille tout-à-fait désespérer de l’interprétation pleine et entière de cette écriture. » Il n’en désespérait pas cependant, et voici la marche qu’il traçait à ceux qui venaient après lui.

La première chose à faire, dit-il, est de reconnaître et bien déterminer l’objet représenté par chaque caractère ; ce qui présente souvent de très grandes difficultés. Cette détermination préliminaire donnera d’abord le sens direct, celui qui résulte de l’emploi figuratif. De là pourra résulter la connaissance du nom. Le nom connu, si le vocabulaire copte (la langue copte est, comme on sait, la langue égyptienne) présente quelques homonymes, on pourra conclure la valeur du caractère employé comme rébus (cinquième mode d’expression). Du sens direct on pourra de même se trouver conduit aux sens détournés, etc. ; mais que de difficultés sur la route ! Enfin, en supposant le sens direct, ainsi que les sens détournés ou conventionnels, connus pour chacun des signes que nous présentent les pages hiéroglyphiques, c’est-à-dire, en supposant levées toutes les difficultés que l’on peut appeler difficultés du vocabulaire, on va se trouver en face d’une série de difficultés nouvelles ; ces difficultés, que nous pouvons nommer difficultés de la syntaxe, ne sont pas moindres assurément que les précédentes, chaque caractère offrant à résoudre un problème nouveau, c’est-à-dire à déterminer le sens qu’il présente dans tel cas particulier, à l’exclusion de tous les autres sens dont il est susceptible.

Zoéga n’a proposé aucun moyen de distinguer dans chaque circonstance particulière le mode d’expression choisi par l’écrivain.

Dans son Précis du système hiéroglyphique, M. Champollion, reprenant la question au point où Zoéga l’avait laissée, modifia d’abord la classification des modes d’expression dont sont susceptibles les caractères hiéroglyphiques. Un examen nouveau du texte de saint Clément d’Alexandrie avait montré qu’il faut réunir en un seul les deux modes d’expression figurative admis par Zoéga, et placer au premier rang l’alphabet hiéroglyphique que M. Champollion a si heureusement déduit de la lecture des noms propres étrangers sculptés sur les monumens de l’Égypte. En même temps qu’il introduisait dans la nomenclature des modes d’expression, des caractères phonétiques, jouant le même rôle que les lettres de notre alphabet, M. Champollion crut devoir écarter