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DE L’INTERPRÉTATION DES HIÉROGLYPHES.

été achevée par M. Salvolini ; que les derniers voiles étaient déchirés, et que le problème, si long-temps insoluble, était enfin complètement résolu. En effet, que pouvait-on attendre de plus ? Les principes énoncés par M. Champollion et dont nous allions recevoir la démonstration, nous assuraient le sens des deux tiers au moins des signes dont se compose toute inscription, et un principe nouveau, inconnu à l’auteur de l’alphabet phonétique, découvert et démontré par M. Salvolini, allait nous donner, avec une certitude pareille, le sens du troisième tiers. Il ne restait donc plus rien à faire. Nous allons voir tout à l’heure que j’allais beaucoup trop vite et trop loin dans mes espérances, et que mon problème résolu n’était qu’un véritable château en Espagne., Mais disons quelques mots d’abord de l’auteur du livre. M. Salvolini est, assure-t-on, un des disciples les plus zélés comme les plus habiles de M. Champollion ; M. Salvolini a reçu de M. Champollion les communications les plus complètes, les témoignages de la confiance la plus entière ; aussi se plaît-il à le nommer son illustre maître, et croit-il devoir s’excuser de n’être pas toujours exactement du même avis que lui, et de rectifier parfois des inexactitudes qui, dit-il, lui sont échappées. Quand la chose est faite avec convenance, il n’est certes point nécessaire d’être excusé ; l’élève porté sur les épaules du maître voit naturellement plus loin que lui.

Curieux de prendre connaissance des modifications apportées aux doctrines de M. Champollion par un disciple respectueux, je m’attachai d’abord à celles qui portaient sur une théorie dont les esprits ont été vivement frappés, je veux dire la théorie des signes déterminatifs. M. Champollion, croyant reconnaître fréquemment à la suite de l’expression d’une idée une deuxième expression, soit complète, soit incomplète, de la même idée, qui lui parut destinée à faire cesser, par son adjonction, ce que la première pouvait laisser de vague et d’incertain, nomma cette deuxième expression signe déterminatif. Ce signe, constamment placé au deuxième rang, était toujours muet, c’est-à-dire emprunté à la classe des hiéroglyphes idéographiques. Quelquefois un premier signe déterminatif était suivi d’un deuxième. Mon projet n’est point de développer ici cette doctrine : j’arrive aux rectifications proposées par M. Salvolini.

Dans une dissertation qui n’occupe pas moins de cinq gran-