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POÈTES
ET
ROMANCIERS DU NORD.

i.
ŒHLENSCHLŒGER.

Dans le faubourg de Copenhague qu’on appelle le Vesterbro, à gauche, près de l’avenue qui conduit à Frederiksberg, on aperçoit au milieu des villas de la bourgeoisie une maison d’humble apparence avec un seul étage et deux mansardes au-dessus. C’est là qu’est né le premier des poètes danois : Œhlenschloeger. Sa famille a quitté depuis long-temps cette demeure, et elle est habitée aujourd’hui par un marchand de petits gâteaux qui fait la joie de toutes les bonnes du voisinage. Mais le nouveau propriétaire l’a conservée telle qu’elle était à l’époque où les muses y berçaient un enfant de génie. Un jour, je l’espère, on y mettra une inscription, et tous les hommes qui aiment la poésie viendront la visiter. Je crois à la prédestination du poète, à l’influence des lieux où il est né, des lieux qu’il habite ; et quand j’ai vu pour la première fois cette maison du Vesterbro, avec le paysage qui l’entoure, il m’a semblé voir une image vivante d’une des belles pages d’Œhlenschlœger. Là est le peuple des faubourgs, le peuple animé, bruyant, énergique ; le peuple, éternel sujet de tableaux de genre, de drames et de comédies. Plus loin, voici l’allée de tilleuls qui conduit au château ; voici les sentiers bordés d’aubépines, mélancoliques comme une élégie, et parsemés de fleurs comme une idylle. À moitié chemin,