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LE PORTUGAL AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

flotte miguéliste[1], et à la diversion si heureusement conduite par le duc de Terceire dans les Algarves, qu’à la direction nouvelle soudainement imprimée aux affaires d’Espagne. Et c’est ici que les deux causes viennent se confondre étroitement, comme pour laisser prévoir leur solution commune et définitive.

Quoi qu’il en soit, en même temps que le parti libéral restait isolé et sans concours, le parti absolutiste, toutes dévouées que lui fussent les masses, n’en recevait qu’un appui nul et sans efficacité. Avec une armée de trente mille hommes et un nombre double de milice exercée, don Miguel ne sut point parvenir à chasser du territoire portugais, ou même à forcer derrière les remparts d’une place médiocre, un chétif corps de sept mille hommes, ramas d’indigènes et d’étrangers stipendiés. Le nombre combattait pour lui, mais sans énergie, sinon sans courage, soit lassitude des révolutions, soit fatale prescience d’une résistance inutile.

M. de Zéa avait été conduit à rompre toute relation avec don Miguel, près duquel s’était naturellement réfugié le prétendant espagnol après le testament de Ferdinand VII. Le premier acte du ministère Martinez de la Rosa, et c’était là une inspiration à la Périer, fut de faire passer la frontière à un corps d’armée de douze mille hommes[2]. Cet acte fut décisif, bien moins encore à raison du poids qu’il jetait dans la balance des forces respectives que parce qu’il constatait aux yeux de tous la subordination désormais inévitable et chaque jour plus étroite de la question portugaise à la question espagnole.

Don Miguel n’essaya pas même une résistance qu’au dire de tous sa situation militaire lui permettait d’essayer encore. Il quitta le Portugal[3], emportant dans l’exil, avec les sombres souvenirs de sa jeunesse, des espérances que, de nos jours, de brutales sympathies populaires ne sauraient suffire à réaliser.

La politique française, aux phases diverses de cette longue crise, ne dévia pas de la ligne où elle s’était d’abord placée. Ne s’engageant pas positivement dans une question qui n’avait pour lui qu’un intérêt général, le ministère dut se borner à encourager don Pedro par quelques secours, fort inférieurs du reste à ceux que son antagoniste recevait d’une autre source. Mais lorsque le trône de dona Maria II fut relevé, un bruit se répandit en Europe qu’un projet d’alliance avait été conçu qui aurait été traversé par un caprice de jeune fille ;

  1. Bataille du cap Saint-Vincent, gagnée par l’amiral Napier, 5 juillet 1833.
  2. 16 avril 1834.
  3. 12 juin 1834.