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pire par le commerce et les communications, et à concentrer ses efforts pour l’occupation définitive de toute la côte de Circassie et du versant occidental du Caucase, occupation qui lui permettra de commercer avec toutes les côtes de la mer Noire et de la mer Caspienne, et d’écouler avec supériorité dans tout l’Orient les produits de sa nouvelle industrie.

La grande querelle de la navigation de la mer Noire entre la Russie et l’Angleterre deviendra plus vive à mesure que les ressources industrielles de la Russie se développeront. Le territoire que la Russie a acquis ou conquis au-delà du Caucase, a une étendue de cinq cents werstes de large sur mille werstes de longueur (quatre werstes égalent une lieue) ; il est situé sous le ciel le plus favorable, couvert en partie d’une population laborieuse, placé entre la mer Caspienne et la mer Noire, deux mers dont l’une ouvre une route commode pour expédier les produits du midi de l’empire aux ports de la Mingrélie, en Turquie, et dans toute l’Europe, et dont l’autre offre une voie peu coûteuse pour approvisionner, par Astrakan, tout l’intérieur de l’empire, et l’inonder de produits transcaucasiens. Ces produits sont de toute espèce et très bons ; leur énumération seule et renonciation de leur nature sont bien faites pour donner à réfléchir à toutes les populations commerciales. Ce sont les grains de toute espèce, maïs, riz, etc., etc. ; les produits naturels propres à la fabrication, et les objets manufacturés, coton, vins, tabac, bois de construction, chanvre, etc. ; les plantes oléagineuses, les plantes propres à la teinture ; les épices, les plantes médicinales les plus usuelles ; la soie, la cire, le miel ; le bétail, les chevaux, les chèvres soyeuses ; les fourrures, l’alun, le sel, le sel naturel de Glauber, les naphtes et les métaux. Le gouvernement russe ayant vu, sur les rapports des missionnaires, que le coton à longue soie avait été naturalisé et cultivé avec succès dans les provinces de la Chine qui s’étendent jusqu’au 41° nord, où les fleuves gèlent pendant l’hiver, a pensé, avec raison, qu’il réussirait au-delà du Caucase, entre le 39° et le 43°, dans un pays protégé contre les vents du nord par de hautes chaînes de montagnes, et où l’hiver est inconnu dans les vallées. Aussi la Russie, qui payait, en 1825, 46,609,307 roubles à l’étranger pour ses achats de cotons bruts et manufacturés, a vu réduire chaque année cette somme, au point que, dans six années, elle pourra peut-être exporter les cotons de ses provinces du Caucase. Pour le vin, le gouvernement russe a tellement favorisé le perfectionnement de cette branche d’industrie, que le vin du Caucase,