Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 juillet 1837.


La dissolution prochaine de la chambre et les élections occupent tous les esprits. Tous les partis s’agitent, les espérances abattues renaissent, et tout annonce que les élections, si elles ont lieu, seront vivement disputées sur tous les points de la France.

Un journal de l’opposition a sagement remarqué que l’extrême gauche n’obéissait pas à un sentiment bien entendu de ses intérêts en demandant à grands cris, comme elle le fait, la dissolution de la chambre. Tout porte à croire, en effet, que la gauche ne fera pas ses affaires dans les nouvelles élections. Sans doute, ce parti se trouvera renforcé à la chambre, ainsi que le sera le parti légitimiste, de quelques députés nouveaux ; mais l’adjonction de ce petit nombre de députés ne servira qu’à donner aux centres une énergie plus vive, et peut-être même à changer en humeur agressive contre les deux partis extrêmes l’esprit de conservation qu’ils ont montré dans cette session. Nous avons laissé les centres calmes et disposés à soutenir un ministère modéré ; on les retrouverait alors, tels qu’ils étaient en 1830 et 1831, vifs, emportés, prêts à marcher avec un ministère d’intimidation. En pareil cas, les élections tourneraient au profit des doctrinaires. Est-ce là ce que demandent le parti de la restauration et le parti du mouvement ?

Le parti doctrinaire a calculé ses chances, et l’on peut être assuré qu’il travaillera partout dans les colléges électoraux, pour lui-même d’abord, puis pour les légitimistes, toutes les fois qu’il aura lieu de craindre l’élection d’un député modéré. Les légitimistes serviraient cette fois à rétablir la fortune politique des doctrinaires, fondée sur l’opposition républicaine, qui leur fait défaut aujourd’hui. Depuis deux ou trois ans, en effet, les doctrinaires vivaient d’un reste de peur de la république ; ils faisaient encore flot-