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REVUE. — CHRONIQUE.

en Portugal, dans la province dont Oporto est la capitale. La population, qui est toute miguéliste, n’y a pris aucune part, et a laissé faire les soldats. Les insurgés n’étaient pas d’abord en grand nombre ; mais on craint que les troupes envoyées pour les combattre ne fassent cause commune avec eux, ce qui est arrivé au premier détachement qu’on a dirigé sur le foyer de la sédition. Le gouvernement a pris des mesures ; des troupes ont été embarquées pour Oporto ; les cortès ont accordé des pouvoirs extraordinaires et de l’argent ; on a fait aussitôt, à Lisbonne, beaucoup d’arrestations parmi ce qu’on appelle les chamorros, c’est-à-dire les partisans de l’ordre de choses renversé par la révolution du mois de septembre dernier. Mais avec tout cela, l’issue est encore douteuse. La reine et le prince Ferdinand, son époux, déplorent cette funeste tentative des chartistes, funeste, quel qu’en soit le résultat, et pour le gouvernement et pour le pays. Sera-t-elle plus heureuse qu’en novembre ? Tout dépend de l’armée. Ces évènemens pourraient exercer sur les affaires d’Espagne une fâcheuse influence ; car si la guerre civile se prolongeait, le cabinet de Lisbonne rappellerait la division auxiliaire portugaise que commande le baron das Antas.

Déjà on accuse l’Angleterre de favoriser le soulèvement des chamorros. Nous ne pensons pas qu’elle l’ait fomenté ; mais toutes les traditions de sa politique autorisent à croire qu’elle en désire le succès. Quant à la France, elle n’a aucun motif de prendre parti dans cette question, et tout ce qu’elle doit désirer, c’est que don Carlos ne trouve pas un nouvel allié dans ces perpétuelles révolutions de la Péninsule.

La proclamation d’avènement du nouveau roi de Hanovre[1] continue à occuper et à inquiéter, non-seulement le Hanovre lui-même, mais encore tous les états constitutionnels de l’Allemagne. Cependant cette démonstration menaçante n’a pas été suivie de mesures bien décisives, et tout reste dans l’incertitude, soit que l’ex-duc de Cumberland hésite à brûler ses vaisseaux, soit, comme le prétendent aujourd’hui ses partisans, qu’il ait simplement voulu ajourner la reconnaissance de la constitution jusqu’à ce

  1. Nous devons rectifier ici une erreur qui s’est glissée dans notre dernière chronique, à propos du Hanovre. Nous avons dit que la constitution non reconnue par le nouveau roi était de 1819 : elle n’est pas de 1819, mais de 1833. Il y a bien eu en 1819 une constitution donnée au Hanovre, mais fort incomplète et peu satisfaisante. En 1833, à la suite des mouvemens de Gottingue et d’Osterode, le duc de Cambridge, vice-roi du Hanovre, promit, à l’ouverture des états, qu’elle serait réformée de concert avec le gouvernement de Guillaume IV. En effet, on dressa un projet, qui fut soumis à une commission, revisé à Londres, et discuté par les états-généraux avec le plus grand soin, dans les années 1832 et 1833 ; puis il fut envoyé en Angleterre, d’où il revint avec quelques modifications et sanctionné par Guillaume, à Windsor, sous la date du 26 septembre 1833. Depuis lors, cette constitution a régi le Hanovre. Bien loin d’être révolutionnaire, elle conserve des traces nombreuses du régime féodal. Cependant elle satisfaisait le pays et lui a valu quelques bonnes lois, jusqu’à ces derniers temps que la chambre haute, prévoyant l’avénement du duc de Cumberland, s’est abstenue de toute participation à l’exercice du pouvoir législatif.