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LE FRONTON DU PANTHÉON.

arrière, donne à la figure une grace voluptueuse ; mais cette grace pourtant n’a rien de frivole ni de mondain, et ne contredit pas la gravité de cette muse divine. La Clio sculptée par M. David est si naturellement belle, si bien familiarisée avec tous les mouvemens qui révèlent une nouvelle face de la beauté, qu’elle rejette le cou en arrière sans se rendre coupable de coquetterie. Tout en choisissant la pose qui lui sied le mieux, elle n’oublie pas la tâche auguste qui lui est dévolue. Elle inscrit sur son livre les grandes actions que la Liberté juge et que la Patrie récompense. La main de l’Histoire fait le plus grand honneur à M. David ; le type de cette main est de la beauté la plus élevée ; les doigts sont longs, les phalanges distantes, et l’intervalle qui sépare du poignet la naissance de la première phalange assez richement mesuré pour donner une souplesse élégante à tous les mouvemens de la main. La draperie de cette figure est plus légère, mieux conçue et mieux rendue que celle de la Patrie et de la Liberté. Les plis qui s’attachent sur l’épaule offrent une ligne heureuse, et les diverses parties du corps sont habilement indiquées par le mouvement de l’étoffe. La draperie de l’Histoire satisfait à toutes les lois enseignées par les maîtres de la statuaire ; elle ne se compose pas de plis capricieusement variés ; elle suit et elle explique la forme qu’elle enveloppe. Loin de cacher les parties nues qu’elle recouvre, elle ajoute à la beauté du corps le charme de l’indécision ; elle le dessine sans le montrer, et donne à l’œil le plaisir de deviner ce qu’il n’aperçoit pas. Je ne doute pas que la muse de l’Histoire ne contente les esprits les plus sévères.

Il y a donc beaucoup à louer dans les diverses parties du fronton de M. David. Si nous avons jugé sévèrement la composition, c’est que l’importance du sujet et le nom du statuaire nous prescrivaient la sévérité ; mais nous sommes heureux de pouvoir, sans manquer à la justice, à la vérité, recommander à l’admiration publique le plus grand nombre des figures que M. David a sculptées sur le fronton du Panthéon. Nous ne connaissons pas les bas-reliefs dont l’exécution a été confiée à M. Nanteuil, et qui seront placés au-dessus de la porte principale de l’édifice ; quels qu’ils soient, nous sommes sûr d’avance qu’ils ne s’accorderont pas avec le fronton de M. David, car la manière de M. Nanteuil et la manière de M. David se contredisent formellement. M. David, par la nature même de ses études habituelles, est porté à chercher dans l’histoire moderne le sujet de ses compositions. Familiarisé par le travail de chaque jour avec la vie et la physionomie des contemporains, il doit se proposer et il se propose, en effet, de trouver pour les sujets modernes un style moderne. Lors-