La mémoire de Sancho n’était pas, à coup sûr, mieux meublée de proverbes que celle de ma vieille bonne Renotte. La chère femme en avait pour toutes les occasions, et surtout quand il s’agissait de gronder (ce qui était presque toujours le cas lorsqu’elle s’adressait à ma sœur ou à moi) ; elle était vraiment inépuisable. À chaque fois c’était une demi-douzaine de dictons tout nouveaux pour nous et toujours très peu flatteurs. Elle en avait cependant qu’elle affectionnait plus que les autres et qui revenaient inévitablement dans les mêmes occasions.
Par exemple, s’il s’élevait entre nous quelque légère discussion : Quoi ! s’écriait-elle aussitôt, le crapaud et le lézard de Saint-Omer auront pendant des années vécu en paix dans un même trou, et deux enfans, le frère et la sœur, ne pourront être un instant ensemble sans se quereller !
— Mais, ma bonne, disions-nous quelquefois, que faisaient-ils dans leur trou ce lézard et ce crapaud ?
— Ils s’y tenaient cois, et vous devriez faire de même.
La réponse n’était pas des plus satisfaisantes ; mais, comme je n’en obtenais jamais que de semblables, j’en vins à soupçonner la vérité, à penser que ma bonne n’en savait pas plus long que moi sur l’histoire des deux animaux.