Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
REVUE. — CHRONIQUE.

nistre des finances, renversé par un vote des cortès, a entraîné dans sa chute trois de ses collègues, et le vieux M. Bardaxi, resté seul debout, a choisi, pour terminer la session le plus tranquillement possible, des noms obscurs et insignifians, qui ne donnent pas de prise aux haines des partis ou à leurs illusions. Ce serait peine perdue que de les enregistrer ; car, à moins de nouvelles commotions politiques, ce ministère ne paraît destiné qu’à garder la place, en attendant que les premiers actes des deux chambres récemment élues, et qui doivent se réunir le 19 novembre, désignent d’autres noms à la prérogative royale.

Le bruit a couru ces jours derniers que don Carlos était dangereusement malade, qu’il ne pouvait plus se tenir à cheval et ne songeait plus qu’au salut de son ame. Nous ne savons là-dessus rien de positif, et il nous a été impossible de remonter à la source de cette nouvelle, qui a trouvé un certain crédit dans l’opinion publique. La vie qu’on fait mener au prétendant depuis cinq mois est sans doute assez fatigante pour qu’il n’ait pas impunément essuyé tant de vicissitudes, auxquelles sa robuste organisation pourrait bien finir par succomber. La reprise de Valladolid par les généraux de la reine n’avait été suivie jusqu’à ces derniers jours d’aucun engagement sérieux avec les carlistes. Les deux armées se concentraient dans le pays montagneux qui domine au nord la vallée du Duero, où celle de don Carlos, affaiblie et désorganisée par ses derniers revers, semblait chercher un autre fort de Cantaviéja, pour s’y reconnaître et rétablir ses cadres. Mais on annonce aujourd’hui même que don Carlos ayant attaqué à Retuerta le général Lorenzo, Espartero, qui est arrivé pendant la bataille avec des troupes fraîches, a rejeté le prétendant sur ses anciennes positions, et lui a fait éprouver une perte considérable. Cette affaire, sur laquelle on n’a pas encore assez de détails, affermit la supériorité récemment acquise aux généraux de la reine, et les justes espérances que leurs derniers succès ont permis de concevoir. En Catalogne, les troupes constitutionnelles, commandées par le brigadier Carbo, ont remporté sur plusieurs bandes réunies un avantage considérable, et d’autant mieux apprécié que de ce côté toutes les chances de la guerre avaient depuis long-temps passé aux carlistes. Ceux-ci toutefois restent toujours très forts dans cette province, ainsi que dans la Navarre, où de petites places, importantes comme positions, leur tombent chaque jour entre les mains. Quoi qu’il en soit, il est bien difficile que don Carlos se maintienne sur la rive droite de l’Elbe, entouré comme il l’est par des forces supérieures aux siennes ; il faudrait, pour le lui permettre, une diversion, soit de la part des siens, soit de la part des exaltés, qui l’ont constamment si bien servi ; et ce qui pourrait lui arriver de plus heureux dans ce moment, ce serait une nouvelle insurrection du parti exalté, pour annuler le résultat des élections. En somme, l’état des affaires du prétendant est beaucoup moins brillant qu’il y a un mois, et c’est la seconde fois de cette année que la balance, un moment égale entre les deux parties belligérantes, recommence à pencher en faveur de la cause constitutionnelle. Nous ne savons pas trop ce qu’en pensent à Naples M. le comte d’Orgaz, et à Berlin M. le marquis de la Lapilla y Monasterio, grand d’Espagne de première classe, l’un et l’autre envoyés de don Carlos auprès de ces deux cabinets. Mais il est probable que ce nouvel aspect des affaires y ajoute aux embarras de leur mission ; et ce n’est pas en présence de tant