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Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/308

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REVUE DES DEUX MONDES.

j’ai à choisir, mais entre deux routes que j’ai voulu suivre à la fois, et qui ne peuvent mener au même but ; l’une est la folie et le plaisir, l’autre est l’amour ; laquelle dois-je prendre ? laquelle conduit au bonheur ?

Je vous ai dit, en commençant ce conte, que Valentin avait une mère qu’il aimait tendrement. Elle entra dans sa chambre tandis qu’il était plongé dans ces pensées. — Mon enfant, lui dit-elle, je vous ai vu triste ce matin. Qu’avez-vous ? Puis-je vous aider ? Avez-vous besoin de quelque argent ? Si je ne puis vous rendre service, ne puis-je du moins savoir vos chagrins et tenter de vous consoler ?

— Je vous remercie, répondit Valentin. Je faisais des projets de voyage, et je me demandais qui doit nous rendre heureux de l’amour ou du plaisir ; j’avais oublié l’amitié. Je ne quitterai pas mon pays, et la seule femme à qui je veuille ouvrir mon cœur est celle qui peut le partager avec vous.


Alfred de Musset.